Une exposition loufoque ouvre ses portes, jusqu’au 20 février 2023, à Saint-Brieuc, en France. Il s’agit d’une présentation artistique en hommage à Alfred Jarry, dramaturge français qui avait demandé un cure-dent comme dernière volonté, sur son lit de mort.
Tout part d’un clin d’œil au célèbre poète et écrivain qui avait demandé un cure-dent sur son lit de mort. Cette exposition amusante et itinérante est la réalisation artistique de Claudine Orvain qui fabrique des cure-dents à caractère excentrique dans son atelier, à partir d’objets trouvés çà et là. Les créations classées par thématiques (les utilitaires, les décoratifs ou les ludiques) avec à chaque fois une histoire improbable et propre à chaque cure-dent sont à découvrir à Saint-Brieuc, jusqu’au 20 février 2023. C’est près de soixante cure-dents aussi particuliers les uns que les autres qui sont présentés à l’office du tourisme de Saint-Brieuc, à l’occasion des 150 ans de la naissance d’Alfred Jarry.
Pour l’histoire, Alfred Henri Jarry est un poète, romancier, écrivain et dramaturge qui exerçait aussi comme dessinateur et graveur. Né à Laval, en France, le 8 septembre 1873 et précurseur du surréalisme et du théâtre de l’absurde, Jarry était l’une des figures emblématiques de la littérature française, grâce à ses nombreuses œuvres et au terme « ubuesque » qu’il a donné à la langue française. Il est décédé, le 1er novembre 1907, à l’hôpital de la Charité, d’une méningite tuberculeuse. Un fait inhabituel marque son décès : comme dernière volonté, il demande un cure-dent.
Ces objets du quotidien existent depuis bien longtemps et étaient fabriqués avec des os ou des brindilles en bois. Au fil des siècles, le cure-dent est devenu un objet de luxe réservé uniquement à la classe bourgeoise qui, pour se distinguer, utilisaient à table des bâtonnets piquants fabriqués en or massif, en argent ou en ivoire. Toujours utilisé après les repas pour débusquer les restes de nourriture coincés entre les dents. Avec le temps, cet objet est devenu banal, à la portée de tous et se vend par boîtes de centaines de pièces au supermarché.
« J’ai découvert qu’Alfred Jarry avait demandé, comme dernière volonté sur son lit de mort, d’avoir un cure-dent. A partir de cette anecdote, j’ai commencé à bidouiller des objets décalés », raconte Claudine Orvain, alias Carry Bridge, née à la fin des années 1950, dans une famille pauvre de Londres. Voilà comment a été mis sur pied le musée mondial du cure-dent dont la première exposition s’est faite en 1999. C’est à la fin des années 1990 que cette ancienne danseuse prend conscience de cette passion pour le cure-dent. Une vingtaine d’années plus tard, pendant la crise du Covid, ses réalisations pittoresques vont refaire surface. « J’ai ressorti les cure-dents pour les exposer, mais je les ai trouvés moches et peu soignés», explique-t-elle. « J’ai du coup profité du confinement pour les rénover et en refaire d’autres avec tout ce qui me tombait sous la main », précise-t-elle.
Madjara GNAMBA