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lundi 10 février 2025
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Escroquerie en Côte d’Ivoire: Les brouteurs empochent plus de 5 milliards FCFA par an

Faux sites de vente en ligne, phishing ou hameçonnage ciblé via les réseaux sociaux, recrutements, arnaques à la livraison de produits et fraudes bancaires sont quelques moyens qui ont permis aux escrocs de délester leurs victimes de plus de 5 milliards FCFA par an. Le rapport d’activités de l’Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d’Ivoire (ARTCI) révèle que ce sont 308 plaintes pour arnaque qui ont été enregistrées en 2023.

Avec l’Internet, les escrocs ont de plus en plus recours à des méthodes d’arnaque sophistiquées pour tromper leurs victimes, explique à Le Tamtam Parleur Armand Tra Bi, expert et formateur en cybersécurité. Le préjudice financier de ces arnaques entre 2009 et 2022, déclarés à la plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) et au Centre national de veille et de réponse aux incidents de sécurité informatiques (CI-CERT) s’élèvent à un peu plus de 65 milliards FCFA, soit environ 5,5 milliards FCFA en moyenne par an, indique le rapport du 02 octobre 2024, intitulé « Chantiers de la lutte contre la cybercriminalité en Côte d’Ivoire ».

L’ingénierie sociale, la base
Toutes les techniques d’arnaque sont entretenues au départ par le lien social, affirme Arnaud Tra bi. Pour cet expert, les escrocs jouent sur la confiance, élément clé dans la mise en place des arnaques. Par exemple, poursuit Armand Tra Bi, demander le téléphone de l’autre pour appeler. Cet acte apparemment anodin permet à l’individu malintentionné d’installer un programme malveillant, tout en faisant croire qu’il a juste utilisé le téléphone pour passer un appel. Une fois installé, l’escroc a le contrôle du téléphone de sa cible. C’est pareil pour l’ordinateur sur lequel des escrocs peuvent installer des programmes leur permettant d’en prendre discrètement le contrôle. Que ce soit par e-mail, téléphone ou en personne, leurs méthodes sont variées. De fait, apprendre à reconnaître les signaux d’alerte est la meilleure défense contre ces attaques, a fait savoir notre interlocuteur. 

Quelques méthodes d’escroquerie

 L’une des méthodes récurrentes c’est l’arnaque par téléphone et SMS. Le principe est simple : l’arnaqueur envoie un message indiquant à sa cible qu’un montant d’argent a été effectué sur le compte mobile de ce dernier. Le 30 novembre 2024, Albert Kouadio,  retraité, voit un message lui indiquant qu’il vient de recevoir un dépôt sur son mobile money. Les secondes qui suivent, tout heureux, pensant avoir reçu l’argent de la part d’un de ses enfants, il consulte son compte mobile money. En quelques secondes, la totalité de l’argent qui s’y trouvait disparaît, comme par enchantement. De fait, les escrocs ont vidé totalement le compte de la victime.

L’autre méthode dont usent les arnaqueurs, c’est l’utilisation de l’identité visuelle de diverses structures – publiques ou privées- pour proposer de faux recrutements comme appâts. Selon le spécialiste en cybersécurité, le message en réalité est une tentative de fishing : une autre technique où les escrocs se font passer pour une institution légitime et incitent les utilisateurs à partager leurs informations personnelles, pensant les fournir à un recruteur. Ces données feront ensuite l’objet de diverses utilisations frauduleuses, alors même qu’on a déjà escroqué leur propriétaire en leur faisant payer de prétendus frais de participation ou de dossiers pour des recrutements fictifs. 

Les cybercriminels utilisent également le phishing pour dérober des données confidentielles, espionner les activités de l’entreprise ou de diverses institutions  dans le but de paralyser ses systèmes. En passant par les employés à leur insu, les escrocs peuvent facilement s’introduire dans les réseaux informatiques internes.

Selon toujours notre expert Tra Bi, le commerce électronique est aussi ciblé par les escrocs. Ces délinquants proposent des produits en ligne et, après achat et réception, le client se rend compte de la mauvaise qualité de la marchandise. Mais au moment de rappeler, le vendeur en ligne devient injoignable. La prudence doit donc être de mise, pour tout achat sur Internet.

Des conseils pour se prémunir

Face à ces menaces réelles de toutes natures, Arnaud Tra bi recommande une vigilance accrue, notamment ne jamais répondre aux messages d’inconnus, ne jamais partager son code confidentiel ou toute autre information personnelle, et surtout, contacter directement son fournisseur de services mobile en cas de doute. Il déconseille de suivre tout message, qui demande à l’utilisateur d’effectuer une action pressée ; et de ne jamais consulter immédiatement le solde du compte mobile money dès réception d’un dépôt. Il faut attendre une heure avant de consulter son compte. M. Tra Bi dissuade tous ceux qui seraient tentés par les tontines et les prêts en ligne. Le bon réflexe, d’après l’expert, c’est de se dire : « Je ne connais pas la personne qui organise la tontine, ni les personnes associées pour faire la tontine ». Les prêts en ligne se font en majorité par une application, le souci c’est que une fois installée, les gens ont accès à votre téléphone et à vos contacts. Tout ce qui se fait en ligne, où l’on ne connaît pas la personne initiatrice, est à éviter. Et pour ce qui est de toutes ces annonces de «cadeaux», dans le domaine des technologie de la communication, «tout ce qui est gratuit sur Internet, c’est l’utilisateur qui est en réalité le produit», conclut Armand Tra-Bi .

La Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) traite en moyenne 4 500 à 5 000 plaintes par an, a déclaré le Directeur de l’Informatique et des Traces technologiques (DITT), au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, colonel Moussa Guelpétchin Ouattara, le mardi 21 décembre 2021, dans une communication relayée par le Centre d’Information et de Communication Gouvernementale (CICG).


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