30% des écoliers de l’Ouest de la Côte d’Ivoire souffraient de stress, selon une étude du ministère de l’éducation nationale de Côte d’Ivoire, en 2018. Le stress affecte le bien-être, la santé physique et mentale, le comportement et la réussite scolaire des enfants qui en sont victimes. Il explique en partie certains échecs scolaires.
D’après le magazine Juste info, sur 45 933 élèves ivoiriens ayant passé le test psychotechnique LYCAM (« Le lycée ça m’intéresse ») à la période 2022-2023, les risques de décrochage scolaire lié au stress touchait 8 556 (18,63 %) enfants de manière modérée et 1 203 (2,6 %) de manière élevée.
Le stress des enfants à l’école désigne l’ensemble des tensions émotionnelles, mentales et physiques que les élèves peuvent ressentir en lien avec leur expérience scolaire. Il peut être passager ou chronique, a expliqué, à Le Tamtam Parleur, Diarrassouba Aboubakar, Inspecteur principal option Éducation spécialisée, expert de l’adaptation scolaire, de la réussite scolaire et du stress à l’école.
Le stress, les enfants, l’école et la famille…
Selon notre spécialiste, la gestion du stress des enfants repose sur une approche intégrée. Il s’agit, entre autres, de la prévention en milieu scolaire, pour laquelle, il conviendrait d’instaurer un climat bienveillant ; valoriser les progrès plutôt que la performance ; enseigner des techniques de respiration et de relaxation adaptées aux enfants ; intégrer des moments de jeu et d’expression artistique, etc. Il s’agit aussi du soutien familial à travers lequel il faudrait instaurer le dialogue ; sécuriser l’enfant par des routines ; l’accompagner sans pression excessive ; limiter l’exposition aux écrans, etc. Lorsque le stress devient pathologique, il convient de prévoir un accompagnement spécialisé. Dans ce cas, l’enfant peut être suivi par un éducateur spécialisé, un psychologue scolaire ou un pédopsychiatre. Notre interlocuteur insiste surtout sur l’écoute de l’enfant, la connaissance de ses émotions et l’aide à lui apporter pour pouvoir exprimer ses ressentis et sentiments. C’est le cas de dame Diallo qui a raconté à Le Tamtam Parleur comment elle gère le stress de son fils. Cette mère explique qu’elle lui dit des paroles apaisantes et rassurantes ; lui raconte de belles histoires comme : « c’est toi le héros » ; « tu seras mon PDG et je vais monter dans ta grosse voiture », etc. Aboubakar Diarrassouba nous a, par ailleurs, raconté son expérience avec un

L’approche en douceur des enseignants met en confiance les élèves et les éloignent du stress.
élève de CM2. L’élève en question manifestait de fortes douleurs abdominales chaque matin avant d’aller à l’école. Et selon l’expert, après enquête, l’on a découvert que l’enfant était victime d’un stress intense lié à la peur de ne pas réussir le Certificat d’études primaires. Il s’est trouvé que les parents, bien qu’aimant leur enfant, lui mettaient, par contre, une pression excessive en lui répétant qu’il devait absolument être le premier. « Avec l’aide de ses enseignants, nous avons travaillé à restaurer la confiance en valorisant ses efforts plutôt que son classement », témoigne M. Diarrasouba. Ajoutant que les parents ont été sensibilisés à l’importance de l’encouragement et du soutien émotionnel. Fort heureusement, l’enfant a appris à exprimer son vécu et ses émotions et à utiliser des exercices de respiration avant les compositions. Et, au résultat, ce dernier avait repris goût à l’école, a réussi son examen avec sérénité et, surtout, a retrouvé le sourire. Cette autre mère d’élève, Kouakou Sylvie, femme au foyer, n’a jamais été confrontée au stress chez ses rejetons. Toutefois, contre toute attente, dame Sylvie explique que c’est elle-même qui stressait à la place de ses trois garçons. Notamment à un moment où l’aîné passait le BEPC. « Mon fils était serein, tandis que moi j’étais tellement stressée que je faisais plein de gaffes. Je ne dormais presque pas ; il m’arrivait de mettre plus de sel qu’il n’en faut dans la nourriture », relate-t-elle.
Les signes chez un enfant stressé
On trouve plusieurs types de stress chez les enfants avec des manifestations diverses et souvent distinctes de ce que l’on aperçoit chez les adultes, affirme l’expert Diarrassouba. Ainsi, dans le contexte de l’école, le stress peut apparaître par des troubles du comportement (agitation, agressivité, repli sur soi) ; des difficultés d’apprentissage (trous de mémoire, baisse de concentration, perte de motivation) ; ou encore par des signes physiques (maux de ventre, maux de tête, troubles du sommeil, fatigue inexpliquée). En outre, selon toujours des experts, différents autres signes peuvent être remarqués par le personnel de l’école ou l’enseignant chez un enfant. Il s’agit nomment des pleurs fréquents, d’une hypersensibilité aux remarques ou à un refus d’aller à l’école. C’est d’ailleurs cette situation qui est vécue par dame Diallo. D’après notre parente d’élève, le stress de son enfant se manifeste par divers comportements tels que de forts pleurs ; un refus d’entrer en classe ; un agrippement ferme à elle refusant de la laisser partir, etc. Elle pense que son fils se comporte ainsi par peur de l’enseignant ou à cause de la séparation. Cependant, celle-ci a précisé qu’elle n’a jamais été interpellée par l’école par apport à un cas de stress.
Les types et les causes de stress
Selon l’expert du stress à l’école, il y a, le stress aigu et ponctuel. C’est un stress lié à une situation précise comme une composition, une prise de parole en classe ou à un changement brutal (un nouvel enseignant ; un déménagement ; une séparation des parents, etc.). Il y a ensuite le stress chronique, qui s’installe dans la durée, souvent en raison d’un climat scolaire ou familial difficile, surtout quand il y a des violences psychologiques, du harcèlement ou de la pression permanente par rapport à la réussite. « Ce type de stress est le plus dangereux ; car il peut affecter le développement global de l’enfant », prévient M. Diarrassouba. Il convient de préciser qu’en plus des facteurs comme les problèmes familiaux et l’encadrement scolaire qui sont la cause du stress chez les enfants, viennent s’ajouter plusieurs autres. C’est le cas de la pression scolaire (volume de devoirs ; peur de l’échec, attente excessive des parents et des enseignants) ; les relations entre élèves si elles sont hostiles à savoir harcèlement, moqueries, etc. ; les grossesses en milieu scolaire chez les jeunes filles élèves qui pourraient se voir stigmatisées ; les effectifs pléthoriques des classes ou encore le manque de matériels scolaires pour les élèves issus de familles démunis, etc. En effet, si l’on s’en tient aux résultats de l’étude réalisée en 2018 par la direction de la stratégie du Ministère de l’éducation nationale de Côte d’Ivoire, le taux d’abandon scolaire dans le primaire est estimé à environ 5,1 % et tend à augmenter depuis quelques années. Selon plusieurs spécialistes interrogés par Le Tamtam Parleur, le décrochage et les échecs scolaires sont principalement causés par le stress des enfants.
Selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, 14,3 % des personnes âgées de 10 à 19 ans, à raison d’une personne sur sept, souffre de problèmes de santé mentale. Malheureusement, ces troubles mentaux -parfois liés entre autres au stress à l’école- demeurent majoritairement méconnus et non traités.



