Près de 80 ans après son introduction en Côte d’Ivoire, la boxe est au plus mal. Crises récurrentes au sein de la Fédération, manque d’infrastructures, rareté de compétitions pour les boxeurs, sont autant d’obstacles qui clouent le noble art
au tapis.
« Ça ne va pas. La boxe est morte en Côte d’Ivoire »,
a déclaré Sohalio Bamba, l’Ivoirien champion d’Afrique en titre de boxe pour la ceinture WPBF (World Professional Boxing Federation). Ce pugiliste n’a pas d’autres choix que de se contenter de la cour d’un établissement scolaire, à Yopougon-Ananeraie, comme lieu d’entraînement. Si l’homme aux 28 K.O brave la poussière et l’indiscrétion en cet endroit, c’est non seulement pour préparer d’éventuelles échéances, mais aussi et surtout pour former de jeunes boxeurs amateurs. Il y a quatre ou cinq ans, il entraînait 257 amateurs. Aujourd’hui, le champion Bamba n’en garde qu’une vingtaine sous ses ailes. « Les boxeurs souffrent et vivent dans la précarité », déplore-t-il. Selon nos sources, il n’y a plus eu de détection sur le plan national depuis près de 30 ans. L’équipe nationale, quant à elle, n’existerait que de nom.
Une Fédération rongée par des dissensions
La Fédération ivoirienne de boxe (FIB) a sombré dans le bicéphalisme, depuis qu’un comité ad hoc a organisé une Assemblée générale élective qui a vu l’élection de Dago Séri Jean-Paul, le 27 décembre 2023. L’ancien président Arthur Boua ne reconnait pas cette élection qu’il qualifie d’illégale. Porté à la tête de la FIB en juillet 2019 pour quatre ans, Arthur Boua a été accusé par ses pourfendeurs d’être allé au-delà de sa mandature sans la moindre volonté d’organiser une Assemblée générale. Pendant ce combat, en dehors du ring, la Fédération ivoirienne de boxe a perdu l’agrément du ministère chargé des Sports. Depuis le 29 juin 2024, elle n’est plus « habilitée à faire des activités de développement, d’organisation de compétitions au nom de l’État de Côte d’Ivoire».
« Le choc des Titans », trop peu pour un électrochoc
« Le choc des Titans » est une caravane de boxe initiée par un promoteur privé. Jhimmy Traoré, pour ne pas le nommer, tente de réunir des boxeurs sur un même ring pour en sortir un vainqueur. Si cette caravane qui a sillonné les communes de Yopougon, Abobo, Koumassi et Bouaké suscite de l’engouement, cette compétition reste amateure avec des récompenses qui varient entre 25.000 et 50.000 francs CFA. Le promoteur, qui dit être une entité entièrement indépendante, reconnaît que : « La boxe a un problème ». Il ajoute: «Nous sommes venus trouver des enfants dans des conditions difficiles, nous essayons de les aider ».
Comme on peut le constater, la Fédération ivoirienne de boxe, qui rassemble 45 clubs pour une dizaine de boxeurs professionnels, a du mal à faire vivre le noble art.