Sur la période allant de 2010 à 2020, les catastrophes naturelles ont causé dans le monde 410.000 décès et affecté la vie de 1,7 milliard de personnes, selon le rapport d’évaluation 2015-2030 élaboré par la plateforme nationale de gestion des catastrophes en Côte d’Ivoire. Au regard de ce constat alarmant, il est pertinent de se demander si la Côte d’Ivoire est préparée à de telles catastrophes d’envergure.
La Côte d’Ivoire dispose de moyens matériels, techniques et stratégiques pour faire face à des catastrophes naturelles de grande envergure, si l’on s’en tient au plan d’organisation des secours (ORSEC). Selon le rapport d’évaluation 2015-2030 élaboré par la Plateforme nationale de réduction des risques et de gestion des catastrophes (PN-RRC), le plan ORSEC est le mécanisme de coordination des opérations de secours mis en place, au niveau national, départemental et communal, en vue de gérer les urgences liées aux catastrophes susceptibles de survenir. Ce plan prend en compte des exercices annuels de simulation visant à développer des aptitudes et autres réflexes dans le déploiement des plans d’urgence, à savoir le plan rouge (organisation des secours face à une situation occasionnant de nombreuses victimes).
Le déclenchement du «plan rouge» en cas de catastrophe à grande échelle
L’instruction interministérielle N° 1279 du 3 juillet 2001 dont la copie est disponible sur le site de l’Office national de la protection civile (ONPC), indique que le «plan rouge» est déclenché par le préfet, sous la supervision du ministère de l’Intérieur. Il est destiné à porter secours à de nombreuses victimes, en cas d’une catastrophe de grande ampleur. Cette instruction interministérielle dispose que, dans la gestion du «plan rouge», dès réception du premier bilan transmis au commandant des opérations de secours qui en informe sans délai le centre de réception du Service d’aide médicale urgente (SAMU), il rappelle dans les plus brefs délais les personnels nécessaires, engage les mises en alerte des hôpitaux et des établissements de soins et d’accueil et des structures indispensables (centre de transfusion, etc.). Toujours selon cette instruction interministérielle, l’organisation médicale des secours, dans le cadre de la mise en œuvre du plan rouge, comporte trois phases d’intervention : le transport des victimes jusqu’au Poste médical avancé (P.M.A) ; la catégorisation des blessés effectuée au P.M.A et l’évacuation du poste médical avancé vers l’hôpital après régulation par le SAMU.
Les capacités renforcées de la protection civile
Parmi les structures prêtes à intervenir, en cas de catastrophe naturelle, l’Office national de la protection civile (ONPC) joue un rôle majeur. C’est pour cela que, selon le rapport d’évaluation de la plateforme nationale de réduction des risques et de gestion des catastrophes, l’ONPC a vu ses capacités renforcées. Selon ce rapport, il existe aujourd’hui 30 Centres de secours d’urgence (CSU) disposant d’un Centre opérationnel national d’incendie et de secours (CONIS), repartis dans les chefs-lieux de région du pays. Ces CSU sont équipées de matériels roulants d’intervention (camions d’incendie, hydro-cureurs, utilitaires, ambulances, etc.). Leur mission étant d’intervenir en cas de catastrophe. «L’ONPC se veut être un véritable instrument de coordination multisectorielle destiné à assurer protection et assistance à la population face aux risques et aux catastrophes de toute nature», fait savoir le directeur général, Amankou Kassi Gabin, sur le site officiel de sa structure qui dit être prêt à parer à toute éventualité. Selon une note conceptuelle qui présentait un projet intégré pour le développement d’une protection civile de proximité, en 2020, l’ONPC comptait 1756 pompiers civils dont 141 femmes.
Le Groupement de sapeurs-pompiers militaires (GSPM) en renfort
Avec sa chaine opérationnelle constituée de 09 compagnies dont 08 compagnies d’incendie et de secours et 01 compagnie de commandement et ses 30.725 interventions qui ont été réalisées en 2021, le groupement de sapeurs-pompiers militaires est équipé de 135 engins divers. Ils sont utilisés en cas de secours, incendie, opérations sanitaires, déblayage, pollutions nucléaire, bactériologique, radiologique et chimique. C’est ce qu’avait fait savoir le général Sakho, le commandant d’alors de la GSPM. Il avait précisé que l’effectif se chiffrait à 1 174 éléments, dont 4,5 % de personnel féminin. Si le plan d’organisation des secours et autres rapports d’évaluation soutiennent que la Côte d’Ivoire est capable de faire face à des catastrophes majeures, l’autre interrogation est de savoir si notre pays est à l’abri de ces phénomènes naturels.
«La Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri de catastrophes naturelles»
C’est ce que pense Jean-Louis Moulot, le Directeur général de la Société d’exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (SODEXAM). Cependant, il assure que sa structure dispose des moyens techniques pour alerter par des données fiables, en termes de météo. «Le taux de fiabilité des prévisions de la SODEXAM est de 73%», a-t-il fait savoir, avant d’expliquer comment le processus d’alerte à une catastrophe naturelle est mis en branle. Selon le directeur, la SODEXAM participe à un dispositif national qui est piloté par le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité. Le point focal technique étant l’Office national de la protection civile. «En cas d’alerte, nous mettons à disposition les informations relatives à la météo et au climat au ministère de l’Intérieur qui, dans le cadre du comité interministériel de gestion des crises, va les disséminer à travers les médias», précise le directeur, qui ajoute que ces prévisions météorologiques sont fiables grâce aux treize stations météo dont dispose la Côte d’Ivoire. Aussi, au plan international, des satellites météorologiques mettent à la disposition des agences météorologiques et climatiques des informations qui vont être traitées au niveau de chaque pays. À la question de savoir si la Côte d’Ivoire pourrait connaître des tremblements de terre, le Directeur général de la SODEXAM rappelle que la Côte d’Ivoire ne se situe pas dans une zone sismique avec des risques majeurs.

Selon le DG de la SODEXAM, Jean Louis Moulot, sa structure dispose d’outils nécessaires pour prévenir les catastrophes./Photo-DR
Pas de risque majeur de tremblement de terre et de cyclone tropical en
Côte d’Ivoire, mais…
Selon les experts de la station géophysique de Lamto, centre de recherche en climatologie et sismologie situé à 160 km d’Abidjan, la Côte d’Ivoire n’est pas menacée par un risque majeur de tremblement de terre. Ils assurent que la Côte d’Ivoire est située sur le craton ouest-africain, qui est une zone stabilisée depuis 1.600 millions d’années. Néanmoins, du fait de l’existence de plusieurs failles intraplaques sur notre territoire, telles que la faille majeure du Sassandra, qu’on retrouve jusqu’en Amérique du Sud, et l’accident majeur des Lagunes, la terre tremble de temps en temps en Côte d’Ivoire, avec de faibles magnitudes. La carte de sismicité de la Côte d’Ivoire, élaborée par la Station géophysique de Lamto, à partir des données sismiques de la période 1969-2001, montre que, en moyenne, les séismes les plus puissants enregistrés sur notre territoire ont une magnitude de 3,6 sur l’échelle ouverte de Richter. Le 7 mars 2001, les sismomètres de la station géophysique de Lamto ont détecté un séisme de magnitude locale 3,0 à Boundiali, et les secousses ont été effectivement ressenties par les populations de la zone. Les tremblements de terre de ce genre, dont la magnitude varie de 3,0 à 3,9, dits mineurs, sont souvent ressentis par les populations, mais causent rarement des dommages.
Quant au cyclone tropical, excepté Madagascar, le continent africain -donc la Côte d’Ivoire- est situé hors des trajectoires moyennes des cyclones tropicaux. La force de Coriolis, qui donne aux cyclones leur rotation initiale, est si faible à l’équateur que les cyclones tropicaux se forment rarement à moins de 10 degrés de l’équateur, où se situe la Côte d’Ivoire (4 à 11 degrés Nord).