Le slam – compétition de poésie orale arbitrée par le public – a gagné du terrain au fil des ans, s’imposant comme un art à part entière, en Côte d’Ivoire.
Lorsque le slam déboule en Afrique – terre d’oralité – au cours des années 2000, il séduit tout de suite et plaît. En Côte d’Ivoire, on ne peut parler des débuts du slam sans évoquer les noms de Dabé Tusti Gilles Murris, aka « Tus-ty » et de Joseph Baffrou (Bee Joe). Principaux initiateurs de cet art oratoire sur les bords de la lagune Ebrié, ils ont réussi à l’imposer à force de travail et d’efforts acharnés. Si Tus-ty décède en novembre 2011, il se sera fait remarquer en 2010 par son album « Chercheur d’or », sur lequel figure une version slam du titre « Malaïka » de Myriam Makeba, enregistré avec Josey. De son côté, Bee Joe, qui écrit depuis 1990, découvre le slam en 2006 et fait son premier spectacle de slam à Abidjan, en 2013. La graine ainsi plantée par ces deux précurseurs germe. Le mouvement connaît vite le succès et réunit bon nombre de jeunes femmes et d’hommes au talent oratoire certain s’intéressent au slam. Ainsi naissent Amee, Kapégik, Philo, L’Étudiant, L’Encre des étoiles, …
Evolution du slam
La discipline connaît un essor considérable grâce à plusieurs concours organisés. « De plus en plus, le slam monte et c’est peu de le dire. Au fil des évènements et des sorties, l’évolution est considérable. Nous avons pu mobiliser 600 à 900 jeunes pour des spectacles. Nous constatons un peu plus d’engouement, surtout au niveau des jeunes », explique Ménélik Lao alias Ninw’Lou, slameur ivoirien. Son confrère Parfait Koffi alias Kapégik abonde dans le même sens que lui. « Le slam est une force culturelle en devenir. On ne s’est pas encore imposé mais on se porte de mieux en mieux car il y a quelques années, quasiment personne n’entendait parler de slam. Aujourd’hui grâce à l’acharnement et la détermination de l’ensemble des slameurs en Côte d’Ivoire, on arrive à drainer du monde dans les salles », assure-t-il.
Une Fédération pour mieux organiser le secteur
Portée sur les fonts baptismaux il y a juste quelques mois, la Fédération Ivoirienne de Slam et Poésie veut être pour ce mouvement artistique, ce qu’est la FIF pour le football. Elle est née de la volonté de plusieurs associations, en l’occurrence le collectif « Au Nom Du Slam », « L’Ecole de Poètes » ainsi que d’autres clubs à l’intérieur du pays. Curieux de savoir d’où proviennent les fonds de la Fédération, le président, Bee Joe, accepte de nous donner plus de détails. « La Fédération est nouvelle, c’est l’adhésion des différents membres et les clubs qui constituent ses premières ressources. Chaque association essaie d’avoir des fonds, en sollicitant des institutions et des entreprises privées, pour mener à bien les activités. Nous avons des partenaires de longue date qui nous soutiennent dans nos différentes actions et spectacles », fait-il savoir. Le slam ivoirien a produit, en si peu de temps, de véritables orfèvres des mots. Plusieurs slameurs ont ainsi obtenu des prix, au cours de différentes compétitions. Cheick Ahmed a été classé troisième, à la Coupe du monde des slameurs, le 28 mai 2022 à Paris, la Côte d’Ivoire étant à sa troisième participation à cette compétition.
Fanta FOFANA (stagiaire)