Quarante cinq ans de prison, c’est la lourde peine imposée à Nourah al-Qahtani, condamnée pour avoir « défié » sur twitter le roi et le prince héritier du pays.
La peine imposée à Nourah al-Qahtania été prononcée moins d’un mois après la visite controversée du président américain Joe Biden dans le riche royaume pétrolier. JoeBiden avait rencontré en juillet le prince Mohammed ben Salmane (MBS), régulièrement critiqué par des organisations non gouvernementales pour de graves violations des droits humains dans son pays.Nourah al-Qahtani, âgée de 50 ans, avait « utilisé le réseau social Twitter pour contester la religion et la justice » du roi Salmane et du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume.Avec ses 600 followers, cette mère de cinq enfants a été condamnée pour avoir appelé « à participer à des activités troublant l’ordre public et menaçant la sécurité », publié « des tweets faux et malveillants », insulté « des symboles et des fonctionnaires de l’Etat » et demandé « la libération de détenus dans des affaires liées à la sécurité », indiquent les documents judiciaires consultés par de nombeux journalistes.
« Faire peur aux Saoudiens »
Le compte de Nourah al-Qahtania, tel qu’identifié dans le document judiciaire, affiche des tweets critiquant le gouvernement, et sa bannière comporte un hashtag appelant à une manifestation antigouvernementale.Son dernier message est daté de juillet 2021, mois au cours duquel elle a été arrêtée avant d’être condamnée en première instance à six ans et demi de prison, et à une interdiction de voyager pour une durée similaire.Le parquet a toutefois fait appel, réclamant une peine plus sévère au regard « de ses crimes », et obtenu sa condamnation à 45 ans de prison.Le document indique que l’avocat de Nourah al-Qahtania a souligné que sa cliente n’avait pas de casier judiciaire et qu’elle n’avait rien fait d’autre que « tweeter ».Le 9 août dernier, une autre citoyenne critique, Salma al-Chehab, avait été condamnée à 34 ans de prison pour avoir « aidé » des dissidents à « déstabiliser l’Etat » en relayant leurs tweets.La peine infligée à Nourah al-Qahtania « s’inscrit désormais dans un schéma », a déclaré Abdullah Alaoudh, directeur de recherche de Dawn pour la région du Golfe.Selon lui, les autorités « ciblent les gens ordinaires pour envoyer une onde de choc et faire peur aux Saoudiens afin qu’ils s’abstiennent de critiquer le gouvernement, même sur des comptes Twitter anonymes ».
F. FOFANA