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vendredi 20 septembre 2024
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Décès de Tshala Muana : Il était une fois, la reine du mutuashi

Tshala Muana a déposé le microphone définitivement, au petit matin  du lundi, 10 décembre 2022. L’artiste originaire du Kasaï, province de la République démocratique du Congo, aura marqué les grandes scènes internationales avec sa musique dénommée le mutuashi.

L’histoire de Tshala Muana, appelée “la  reine du mutuashi”, se conte comme les légendes de chez nous. Deuxième née d’une fratrie de dix enfants, la petite Elisabeth Muidikayi, de son nom d’artiste Tshala Muana, voit le jour, le 13 mai 1958, à Elisabethville (aujourd’hui, Lubumbashi). Militaire de son état,  son père décède en 1964, lors de la guerre du Katanga. Dans son enfance, la petite orpheline est attirée par la musique traditionnelle dénommée le mutuashi. Elle débute sa carrière en tant que choriste dans des orchestres. Par la suite, la jeune fille intègre, en qualité de danseuse, les formations des chanteuses en vogue comme M’Pongo Love et Abeti Masikini, à Kinshasa. La remuante Tshala entreprend une carrière solo et elle est vite propulsée au-devant de la scène, grâce au guitariste Souzy Kaseya. C’est sur les berges de la lagune Ebrié que l’artiste trouve la rampe de lancement d’une riche carrière internationale. La chanteuse issue de la tribu de Luba, au Congo, enchaîne les tubes à succès. Des chansons comme “Amina” ou “Tshiloba” sont sur les lèvres des adolescentes de l’époque. Nous sommes au début des années 80. Tshala est une artiste atypique qui enfièvre la jeunesse avec son rythme musical. Véritable bête de scène, elle sait tenir son public en haleine, lorsque vient le temps de la “démo”. Il s’agit des déhanchements endiablés de l’artiste-danseuse, le pagne noué solidement aux reins, le nombril en l’air et laissant entrevoir la cuisse rose, jusqu’à la naissance de l’aine. De quoi tourner la tête à toute la gent masculine. Qui ne s’était jamais laissé enivrer par ces jeux de reins frisant la grivoiserie, devant un parterre de hautes autorités, dans la salle du palais du congrès de l’hôtel Ivoire? Le parcours artistique de Tshala la conduira en France. La chanteuse, musicienne et  chorégraphe congolaise signe son retour au pays natal, en 1997, aux côtés du Président Laurent-Désiré Kabila. Elle est élue députée sous sa houlette puis présidente de la ligue des femmes  de sa formation politique. Néanmoins, la flamme musicale qui brûle en elle l’amène à revenir à ses premières amours que sont la musique et la danse. Au moment où elle quitte définitivement la scène musicale, Tshala totalise vingt deux albums au compteur. Une belle performance, doublée de nombreuses récompenses glanées  sur les scènes internationales. En août dernier, lors du concert marquant les quarante cinq années de carrière musicale de l’artiste ivoirienne Aïcha Koné, la reine du mutuashi était à ses côtés, à Abidjan. Pour de nombreux mélomanes, c’était une sorte d’adieu aux Ivoiriens: le chant du cygne. L’artiste congolaise a saisi l’occasion pour expliquer aux amoureux de sa musique, dans les colonnes d’un confrère, qu’elle n’a jamais quitté la Côte d’Ivoire parce que les Ivoiriens l’ont rejetée. “Les gens veulent gâter le nom de la Côte d’Ivoire. Ce pays m’a tout donné”, a-t-elle assuré. Faisait-elle allusion à sa romance supposée ou réelle avec François Lougah, la star ivoirienne d’alors, en  1984? L’heureuse coïncidence qu’on retiendra de cette affaire de coeur, c’est que François Lougah se faisait appeler “papa national” tout comme les Congolais ont baptisé tendrement Tshala Muana, leur “Mamu national”. L’amour a certainement la peau dure!

 Firmin YOHA

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