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vendredi 26 juillet 2024
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Transformation de l’anacarde : Les clés du succès agro-industriel de la Côte d’Ivoire

Premier producteur mondial de noix de cajou, la Côte d’Ivoire s’engage sur le chemin de la transformation de cette matière première avec la volonté de jouer les premiers rôles. Plusieurs actions sont entreprises pour atteindre cet objectif.

C’est l’engagement résolu des autorités politiques à faire de la filière anacarde une des têtes de pont de l’économie ivoirienne qui explique cette embellie constatée et saluée par tous les analystes. « Avec pour leitmotiv d’accroître la valeur ajoutée locale afin de générer des recettes publiques, tout en créant des emplois, le gouvernement a multiplié sur cette dernière décennie, les mesures pour attirer les investissements dans la filière », analyse l’agence d’information économique africaine Ecofin, dans une de ses récentes publications. Plusieurs mesures ont ainsi été arrêtées en faveur des opérateurs du secteur, notamment l’exonération de droits de douane et de la TVA sur les achats d’équipements et de pièces de rechange sur 5 ans. Sur la même période, les acteurs profitent d’un octroi de crédit d’impôt pour développer ou moderniser leurs installations existantes.

Des mesures spécifiques sont également identifiées pour les acteurs nationaux, qui disposent logiquement à ce stade de moins de capacités financières ou techniques, afin de leur permettre de grandir et d’occuper des places stratégiques dans ce tissu agro-industriel clé pour notre pays. Il s’agit, fait noter l’agence Ecofin, d’une prime de 400 FCFA sur chaque kilogramme de noix transformée et l’allocation de 15 % de la récolte totale de noix de cajou à des fins de traitement. Cet arsenal d’incitations a déjà poussé de nombreux acteurs aussi bien locaux qu’internationaux à implanter des unités sur le sol ivoirien, contribuant ainsi à l’amélioration du stock transformé.

Mesures incitatives fortes

Maître d’œuvre et ordonnateur de cette stratégie, le gouvernement travaille à créer un écosystème pertinent et performant, en termes d’infrastructures et de réformes, pour fluidifier et favoriser l’installation des industriels du secteur. Ainsi, un panier de mesures incitatives d’ordre fiscal, réglementaire, administratif et opérationnel a-t-il été adopté. A cela, s’ajoute la mise en œuvre du Projet de Promotion de la Compétitivité de la Chaîne des Valeurs de l’Anacarde (PPCA), d’un coût de 200 millions de dollars. Il vise à renforcer l’organisation et la gouvernance de la chaîne de valeurs de l’anacarde, pour réduire in fine, les coûts de commercialisation, accroître la productivité de la culture du cajou, améliorer l’accès au marché des noix brutes et renforcer les infrastructures industrielles existantes.

En outre, la création du Centre d’Innovation et des Technologies de l’Anacarde permet à la Côte d’Ivoire de disposer d’un outil performant de formation et d’assistance technique, aussi bien aux unités déjà installées qu’aux promoteurs de nouveaux investissements. « L’environnement favorable ainsi créé par ces mesures nous permet de dire avec fierté et enthousiasme que la Côte d’Ivoire devient un « eldorado » pour la transformation des noix de cajou », s’est réjoui le chef du gouvernement, Patrick Achi, le 18 février 2022, à l’ouverture conjointe de la 7e édition de la Convention Mondiale du Cajou et de la 4e édition des Journées Nationales des Exportateurs de Cajou de Côte d’Ivoire (JNEC-CI).

Les choses ont bougé

Le taux de transformation locale est passé de 9% en 2018 A 21,25% en 2022, hissant la Côte d’Ivoire au 3e rang mondial des pays transformateurs et fournisseurs d’amandes de cajou après le Vietnam et l’Inde. La filière anacarde enregistre, depuis quelques années, de fortes progressions. Actuellement, le pays transforme plus de 10 % de la récolte locale avec environ 90.000 tonnes de noix de cajou traitée, d’après N’Kalô, le service indépendant de conseil commercial pour le secteur agroalimentaire en Afrique.

Satisfaites des résultats obtenus, les autorités entendent bien renforcer la filière en dotant le pays de zones industrielles de transformation qui abriteront plusieurs unités. Dans cette veine, a été inaugurée une unité de transformation de noix de cajou à Toumodi, dans la région du Bélier. « Dorado Ivory » a nécessité un investissement de 15 milliards de francs CFA. Elle s’étend sur 12 ha et dispose d’une capacité de traitement de 60.000 tonnes d’anacarde par an. A terme, l’exécutif entend également mettre sur pied d’autres infrastructures à Séguéla, Bouaké et Korhogo. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement ivoirien et la Banque Mondiale avaient conclu en 2018 un accord pour l’aménagement de ces quatre Zones Agro-Industrielles (ZAI) dédiées à la transformation, d’un coût global de 200 millions de dollars. Economiste à la Banque Mondiale, Jean-Philippe Tré s’était félicité de cette action : « Nous allons pouvoir faciliter l’installation des transformateurs sur place pour leur permettre d’être opérationnels pour la campagne prochaine », avait-il déclaré.

Selon le service d’information et de conseil N’Kalô, l’Afrique de l’Ouest concentre 45% de la production mondiale dont la moitié en Côte d’Ivoire. L’Asie du Sud, notamment, l’Inde, le Vietnam et le Cambodge, réalisant également autour de 45% de la production mondiale et concentrant 90% de l’industrie de transformation. La Tanzanie, le Mozambique, l’Indonésie et le Brésil produisent les 10% restant. Si la Côte d’Ivoire est encore loin derrière le Vietnam et l’Inde, elle compte néanmoins sur le marché international dont elle impacte les cours par la qualité et l’importance de sa production. Pour de nombreux spécialistes du secteur, un développement plus soutenu de l’industrie ivoirienne – et dans une mesure plus générale de celle africaine – permettra au continent de bousculer le triangle du commerce dans l’industrie mondiale de l’anacarde.

La Côte d’Ivoire, qui compte 250.000 producteurs regroupés dans une vingtaine de coopératives, vise à terme un taux de transformation de 50 % à l’horizon 2025 de sa production brute d’anacarde.

M’Bah Aboubakar

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