L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) veut lancer un pass sanitaire mondial inspiré du certificat covid européen. Cette stratégie est envisagé e en vue de prévenir et combattre les futures menaces contre la santé publique.
Quelques semaines après avoir déclaré que la Covid-19 n’était plus une urgence sanitaire mondiale, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) surfe sur les acquis de la riposte, et conclut, dans la foulée, un partenariat « historique », avec l’Union Européenne.
Il s’agit, à en croire le gardien de la santé mondiale, d’un système de certification numérique qui contribuera à « faciliter la mobilité mondiale et à protéger les citoyens du monde entier contre les menaces sanitaires actuelles et futures, y compris les pandémies ». Pour l’OMS, cet instrument est un premier élément constitutif du réseau mondial de certification de la santé numérique de l’OMS (en anglais Global Digital Health Certification Network, GDHCN) qui développera une large gamme de produits numériques pour offrir une meilleure santé pour tous.
« S’appuyant sur le réseau de certification numérique très performant de l’Union Européenne (UE), l’OMS vise à offrir à tous les États membres de l’OMS l’accès à un outil de santé numérique open source, qui repose sur les principes d’équité, d’innovation, de transparence, de protection des données et de confidentialité », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, le 5 juin à Genève en Suisse, en présence de Stella Kyriakides, Commissaire européenne à la Santé. « Les nouveaux produits de santé numériques en cours de développement visent à aider les gens partout dans le monde à recevoir des services de santé de qualité rapidement et plus efficacement », a-t-il ajouté.
Données personnelles protégées
Basée sur la stratégie de l’UE en matière de santé mondiale et la stratégie mondiale de l’OMS sur la santé numérique, cette initiative fait suite à l’accord du 30 novembre 2022 entre les deux institutions pour renforcer la coopération stratégique sur les questions de santé mondiale. Franchie depuis le 5 juin, cette première étape du système mondial de certification numérique est opérationnelle doit « être progressivement développée dans les mois à venir ». L’OMS espère, plus tard, l’exploiter pour d’autres utilisations, « telles qu’un certificat international de vaccination numérisé, des carnets de vaccination de routine, et des dossiers médicaux internationaux », à en croire le Directeur général de l’organisation. « Le réseau pourrait également jouer un rôle crucial dans les situations humanitaires transfrontalières, en veillant à ce que les personnes aient accès à leurs dossiers médicaux et leurs certificats lorsqu’elles traversent les frontières en raison d’un conflit, d’une crise climatique ou d’autres situations d’urgence ».
Concrètement, l’OMS tiendra un répertoire de « clés publiques » – plus clairement il s’agi d’une méthode de chiffrement des données – qui pourra être consulté par les autorités nationales « pour vérifier la véracité des dossiers de santé numériques », précise l’organisation mondiale, sur son site internet. Elle ajoute qu’il revient « aux Etats membres du réseau de délivrer des certificats de santé et des dossiers médicaux personnels », de telle sorte que « l’OMS ne détient pas et ne détiendra pas, et n’aura pas accès à des informations personnellement identifiables telles que les noms des personnes ou leurs courriels, ou encore les dossiers médicaux individuels ».
Les Etats restent souverains
Si l’OMS a souhaité développé un outil numérique mis à la disposition des autorités, les Etats restent souverains, en matière de santé. Ils sont libres de rejoindre ou non le réseau mondial de certification numérique. Et le cas échéant, ils pourront l’exploiter à leur guise, notamment dans les périodes où ils voudraient conditionner, l’entrée sur leur territoire à la présentation d’un certificat valide. De son côté, l’UE continue de vouloir travailler en étroite collaboration avec l’OMS, pour les questions relevant de la compétence de l’Union. Les Vingt-Sept plaident même pour l’adoption d’un traité international, dans le cadre de l’OMS, qui viserait à renforcer la prévention, la préparation et la réaction face aux pandémies.
« Le pass sanitaire de l’UE a été un outil important dans la lutte contre la pandémie, puisqu’il a permis de faciliter les voyages internationaux. Quelque 80 pays dans le monde ont été connectés à ce certificat numérique. Et le Maroc était le premier pays arabe et africain associé à ce pass sanitaire », a déclaré à la presse Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politique et systèmes de santé au Maroc. « Ce pass sanitaire ne risque pas d’avoir un impact sur la mobilité des voyageurs. Au contraire, ce sera plus fluide. L’OMS souhaite aujourd’hui s’inspirer du pass européen pour mettre en place un pass mondial dans le but d’uniformiser et d’harmoniser les procédures et formalités, lors des déplacements internationaux. Cela demande une certaine transparence de la part des États pour l’octroi des pass sanitaires dans le but de renforcer les systèmes de santé et mieux se préparer aux prochaines épidémies », assure le praticien marocain.
Ce dernier souligne également que le pass sanitaire mondial jouera un rôle important, lors des déplacements transfrontaliers, en cas de situation d’urgence, telles que les guerres et les conflits entre les pays, les catastrophes naturelles… « Ce pass va garantir un accès facile aux dossiers médicaux des personnes en déplacement pour les prendre en charge au besoin. Mais attention : cela ne veut pas dire que leurs données personnelles ne seront pas protégées. D’après l’OMS, le futur système de certification numérique mondial serait fondé sur les principes d’équité, d’innovation, de transparence, mais aussi de protection des données et de la vie privée. L’OMS pourra uniquement vérifier l’authenticité des certificats », explique le médecin.
M’Bah Aboubakar
