Les fièvres typhoïde et paratyphoïde sont des maladies infectieuses potentiellement mortelles en l’absence de traitement. Elles surviennent le plus souvent dans des zones où l’hygiène est précaire et frappent principalement les pays en voie de développement.
La fièvre typhoïde est courante dans les endroits où l’assainissement est insuffisant et où l’eau potable manque. L’accès à l’eau potable et à des services d’assainissement suffisants, l’application des règles d’hygiène par ceux qui manipulent la nourriture et la vaccination antityphoïdique sont toutes des mesures efficaces de prévention. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la dissémination des bactéries peut être enrayée par une distribution d’eau de qualité, contrôlée, le traitement des eaux usées, la généralisation du tout-à-l’égout, le contrôle des zones de récolte des coquillages, la pasteurisation des aliments, beurre et lait en particulier et le respect strict des règles d’hygiène pour tous les travailleurs du milieu de la restauration. Il est possible, selon les spécialistes, de traiter la fièvre typhoïde au moyen d’antibiotiques. Cependant, nuancent-ils, « avec l’émergence de la résistance à ces médicaments, y compris aux fluoroquinolones, de nouveaux antibiotiques, comme les céphalosporines et l’azithromycine, sont utilisés dans les régions touchées ». Même après la disparition des symptômes, on peut rester porteur de la bactérie, ce qui signifie que les sujets concernés peuvent encore la propager par les selles.
Mesures salutaires
Lorsqu’on est traité pour une fièvre typhoïde, il est important d’appliquer quelques mesures importantes : prendre les antibiotiques prescrits pendant toute la durée demandée par le médecin, se laver les mains à l’eau et au savon après avoir été aux toilettes et ne pas préparer ou servir de la nourriture à d’autres personnes. On diminue ainsi le risque de transmettre l’infection à autrui. Il faut également demander au médecin de procéder à un test pour s’assurer qu’aucune bactérie responsable de la maladie ne reste dans l’organisme.
Pendant de nombreuses années, l’on a utilisé deux vaccins pour la protection de l’être humain. Un vaccin injectable à base d’antigène purifié pour les sujets à partir de deux ans et un vaccin oral vivant atténué présenté sous forme de capsules pour les sujets à partir de cinq ans. Ces vaccins ne confèrent pas une immunité de longue durée et ne sont pas homologués pour les enfants de moins de deux ans. Un nouveau vaccin conjugué, conférant une immunité plus longue, a été homologué par l’OMS en décembre 2017 pour les enfants à partir de l’âge de six mois.
En l’absence de traitement, le taux de létalité varie entre 10 et 20 %, mais on peut le ramener à moins de 1 % en administrant rapidement l’antibiothérapie qui convient. Toutefois, font remarquer les médecins, l’on observe une prévalence de souches résistantes aux trois antibiotiques de première intention (chloramphénicol, ampicilline et co-trimoxazole) dans plusieurs régions du monde. Elles sont associées à des formes plus sévères de la maladie et à une fréquence accrue des complications et des décès, notamment chez l’enfant de moins de deux ans.
La maladie et ses symptômes
Huit à quatorze jours après l’infection – des fois jusqu’à trente jours – le malade présente un syndrome pseudo-grippal, c’est-à-dire qui évoque une simple grippe. Les symptômes de la fièvre typhoïde apparaissent progressivement. Il s’agit de fièvre, céphalées, mal de gorge, douleurs musculaires et articulaires, douleurs abdominales et toux sèche. Il peut y avoir une perte d’appétit. Après quelques jours, la fièvre atteint son maximum à environ 39-40 °C, et reste élevée pendant dix à quatorze jours supplémentaires, pour revenir à des valeurs normales au cours de la quatrième semaine suivant l’apparition des symptômes. Souvent, le rythme cardiaque ralentit, les patients sont épuisés et parfois délirent.
Au cours de la deuxième semaine, une éruption cutanée formée de taches plates apparaît sur la poitrine et l’abdomen dans environ 10 à 20 % des cas. Les personnes tout d’abord peuvent être constipées, puis, après deux semaines, peut apparaître une diarrhée. Chez environ 1 à 2 % des personnes, l’intestin se déchire (perforation) ou saigne. Un nombre limité de personnes souffrent d’hémorragie grave, parfois menaçant le pronostic vital.
Si l’infection se propage à d’autres organes, les symptômes spécifiques peuvent aussi apparaître. Chez environ 8 à 10 % des personnes, les symptômes peuvent réapparaître approximativement deux semaines après la disparition de la fièvre. Les malades qui meurent sont en général dénutris, très jeunes ou très âgés. Les signes d’infection sévère de mauvais pronostic sont une stupeur (absence de réponse qui nécessite une stimulation énergique pour que le patient se réveille), un coma et un choc.
Forte recrudescence en Côte d’Ivoire
En Côte d’Ivoire, la fièvre typhoïde est l’une des maladies d’origine alimentaire en forte recrudescence aujourd’hui. Elle engendre des dépenses relativement importantes. Selon une étude réalisée à Abidjan par le laboratoire de microbiologie de l’Unité de Formation et de Recherches (UFR) des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de l’Université de Cocody en 2001, la tranche d’âges de personnes atteintes de fièvre typhoïde sur 103 cas constatés est de 18 à 40 ans. D’après l’étude en question, cette maladie sévit sous forme endémique avec une forte prédominance dans des zones précaires de certaines communes du district d’Abidjan (Koumassi, Abobo et Port-Bouët notamment).
Les données mondiales les plus récentes de la fièvre typhoïde compilées par l’OMS font état de plus de 20 millions de cas annuels de fièvres typhoïde et paratyphoïde, et de plus de 200.000 morts.
M’Bah A.