Lors d’un épisode dépressif, la personne atteinte de ce trouble présente une humeur morose (sentiment de tristesse, d’irritabilité, de vide). La dépression, à en croire les spécialistes, touche un tiers des patients, dans les hôpitaux psychiatriques.
Etudiante en master d’Anglais, à l’université Félix Houphouët-Boigny, ZK est entrée, depuis quelque temps, dans une période difficile. La jeune femme d’ordinaire enjouée et pleine d’entrain – selon les témoignages de ses proches – est en train de tout lâcher. « Je n’ai plus envie d’écrire mon mémoire. Je me dis que je ne peux pas y arriver », explique-t-elle, effondrée. Agée de 27 ans, elle estime être en retard sur ses camarades, en somme de ne pas évoluer dans sa vie. « Je ne sais plus quoi faire », se lamente-t-elle. Selon docteur Diomandé Hamadou, psychiatre et directeur de l’Hôpital psychiatrique de Bingerville, ce que vit ZK est de la dépression. Une situation que vivent de nombreuses personnes dans le silence. A l’en croire, la dépression est la maladie la plus récurrente dans le centre qu’il dirige. Une pathologie fréquente mais méconnue parce que confondue avec d’autres maladies mentales, détaille-t-il. « La dépression touche environ un tiers des patients reçus en consultation chez les praticiens. La dépression concerne un ensemble d’états comme la tristesse, l’envie de ne rien faire, le pessimisme, le manque de confiance en soi-même et en tout le monde, une très importante perte d’intérêt pour les activités professionnelles, sociales et familiales, un sentiment de culpabilité ou d’échec, une diminution de l’estime de soi, de la difficulté à se concentrer sur une tâche, à prendre des décisions », révèle le directeur de l’Hôpital psychiatrique de Bingerville. « On peut ajouter à cela l’anxiété, la peur, l’inquiétude. La personne déprimée se pose des questions sur l’avenir, sur son avenir. Et il y a cette douleur morale profonde qu’on n’arrive pas à expliquer. On n’a envie de ne rien faire du tout. Des fois, cela conduit au suicide », ajoute-t-il. Docteur Diomandé Hamadou indique que : « les maladies mentales comme la dépression surviennent sur des personnalités prémorbides particulières. Des personnes, du fait de facteurs endogènes (propres à ces personnes), peuvent faire une dépression. Il s’agit de difficultés existentielles (familiales, conjugales, économiques, etc.) ou d’événements (accouchement, mariage, promotion) ».
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la santé mentale comme « un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». A ce propos, le sujet déprimé peut être détecté par plusieurs moyens : son humeur empreinte de culpabilité, de désespoir, d’apathie, de mécontentement général, de perte d’intérêt ou de sautes d’humeur. Les troubles comportementaux tels que la fébrilité, l’irritabilité, l’isolement, l’agitation ou des pleurs excessifs, l’insomnie ou la somnolence excessive, la lenteur en cas d’activité ou le manque de concentration, … annoncent également cette pathologie. Sans oublier les relents suicidaires. D’ailleurs, en 2016, l’OMS a souligné que la Côte d’Ivoire est le pays d’Afrique au taux de suicide le plus élevé, notamment chez les hommes en Afrique avec 32 cas de suicides pour 100.000.
Pour éviter les cas de dépression, plusieurs conseils sont donnés par les médecins psychiatres. Il faut manger bien équilibré pour devenir plus fort et résister aux maladies. Il faut faire du sport et avoir des loisirs pour être mieux dans son corps et dans sa tête. Il convient également d’entretenir de bonnes relations familiales, amicales et professionnelles pour être plus épanoui. Il faut aussi avoir confiance en ses capacités car sans estime de soi, point de qualité de vie. Il faut être réaliste dans ses besoins et faire preuve de bon sens, gérer efficacement son argent car les problèmes financiers sont sources de stress. De plus, il est recommandé de maitriser ses émotions (joie, amour, colère, tristesse, jalousie) et les exprimer dans le respect de l’autre. Il convient aussi d’accepter les critiques et conseils pour s’améliorer, prendre soin de soi et se faire plaisir. Les praticiens recommandent, en sus, de ne pas rester dans la solitude ni dans la souffrance en silence. Il faut absolument briser l’isolement.
Sandra KOHET
