La Côte d’Ivoire est l’un des rares pays de la sous-région bénéficiant d’un réseau routier étendu. Le paradoxe, c’est que ce réseau de routes bitumées est d’une qualité douteuse, selon Issa Sangaré Yêrêsso, qui met les pieds dans le plat et accuse dans une publication disponible sur sa page Facebook.
Journaliste, vagabond infatigable, travailleur, j’ai parcouru toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Monsieur le président, par honnêteté intellectuelle, nous, Ivoiriens, devons reconnaître que, sous votre mandat, beaucoup de réalisations dans divers secteurs ont été faites. Les visiteurs étrangers ne tarissent pas d’éloges. Les faits sont palpables, indéniables.
Votre vision et gestion ont permis à la Côte d’Ivoire de faire un bond prestigieux. La Côte d’Ivoire est électrifiée à 95 % ; c’est le troisième pays le plus électrifié d’Afrique, après l’Egypte et le Maroc. Les infrastructures routières et les voies de communication accélèrent le développement, les échanges commerciaux internes et internationaux. Mais hélas, les routes bitumées qui sont un atout se dégradent à une vitesse vertigineuse tant elles ont une durée de vie étonnement courte.
Les routes goudronnées (bitumées) se dégradent si rapidement que vos détracteurs, adversaires politiques ironisent, en disant :
« Ce sont des bitumes biodégradables». Ils osent dire que les routes bitumées actuellement sont allergiques à l’acidité des eaux de pluie et des pipi des bœufs. C’est-à-dire qu’il suffit d’une pluie ou du pipi de bœuf pour que les nouveaux goudrons fondent ou font des trous, des nids de poule.
Ce qui est vrai et que vos collaborateurs vous cachent, c’est que :
1 ) toutes les routes bitumées présentent de nombreuses malfaçons : ondulations , aspérités , crevasses, colmatages,…
2 ) les épaisseurs et normes consignées dans les cahiers de charges ne sont pas respectées ;
3 ) les bitumes actuels sont composés d’un peu de goudron noir mélangé à beaucoup de sable et très peu de gravillons et de ciment ;
4 ) les fonctionnaires et ingénieurs chargés des contrôles ne font pas honnêtement leur travail. Ils valident, donnent des quitus à la pelle, à tous vents. Ce sont des grands saboteurs de votre travail . Ils vendent leurs âmes pour la perte de la Côte d’Ivoire. Ce n’est tout de même pas vous et le Premier ministre qui allez faire le travail pour lequel ils sont salariés !
5 ) Contrairement aux lendemains des Indépendances où les sociétés Colas, Setao , Jean Lefèvre, Vianini, bien outillées professionnellement, bien qualifiées, utilisaient en bonne quantité et qualité du très bon goudron, du ciment de béton et des graviers gros grains qui ont réalisé des routes vieilles de 70 ans, des petites sociétés sans expertise, de nos jours, par népotisme et clientélisme, mal équipées, ont été imposées. Elles accumulent des marchés qu’elles n’arrivent pas à honorer ;
6 ) en amont, les études qui coûtent très cher ne tiennent pas compte des réalités du terrain: zones marécageuses, chargements, poids et types de véhicules, fréquence et densité du trafic;
7 ) les ponts bascules sur les routes internationales sont de véritables passoires. Aucun camion surchargé n’est mis en fourrière pour être réglementé.
Assis devant ma porte où passe la route Boundiali- Tengrela que vous avez inaugurée, il y a peu de temps, actuellement dégradée , j’ai compté en 22 heures 198 gros camions surchargés de marchandises en direction du Mali et du Niger. Korhogo- Boundiali- Tengrela est une route internationale très fréquentée; les études auraient dû en tenir compte.
Excellence , Monsieur le président de la République , le mal est dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire.(…)
Les faits sont sacrés; les commentaires sont libres
Dr Issa Sangaré YÊRÊSSO,
Prix international de journalisme, Université Aix Marseille 2
Ndlr : Les titres et le chapeau sont de la rédaction.