Un nouveau vaccin contre le paludisme développé par l’université d’Oxford a reçu le feu vert des autorités ghanéennes pour être utilisé dans ce pays. Une première pour ce vaccin qui suscite beaucoup d’espoir, selon un communiqué publié, jeudi 13 avril 2023.
Développé par l’université d’Oxford, le R21/Matrix-M s’est avéré efficace à 77 %. C’est un fait marquant pour un vaccin antipaludique qui dépasse l’objectif de 75 % fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Le paludisme, maladie parasitaire transmise par les moustiques, a tué 627.000 personnes – principalement des enfants africains – au cours de la seule année 2020. En septembre 2022, les chercheurs d’Oxford avaient déjà fait part de leur espoir concernant ce vaccin.
Le vaccin R21/Matrix-M, développé par des scientifiques de l’université d’Oxford et fabriqué par le Serum Institute of India, « a été approuvé pour les enfants âgés de 5 à 36 mois, la tranche d’âge la plus exposée au risque de décès dû au paludisme », selon le communiqué de l’Université. « On espère que cette première étape cruciale permettra au vaccin d’aider les enfants ghanéens et africains à lutter efficacement contre le paludisme », est-il écrit.
L’autorisation au Ghana « marque l’aboutissement de trente années de recherche sur le vaccin antipaludique à Oxford, avec la conception et la mise à disposition d’un vaccin très efficace qui peut être fourni à une échelle adéquate aux pays qui en ont le plus besoin », s’est félicité Adrian Hill, spécialiste des vaccins à Oxford et responsable du programme R21/Matrix-M.
Il s’agit d’ « un vaccin à faible dose qui peut être fabriqué à grande échelle et à un coût modeste. Ce qui permettrait de fournir des centaines de millions de doses aux pays africains qui souffrent d’un fardeau important en matière de paludisme », a-t-il ajouté. Le vaccin contient de l’adjuvant Matrix-M, un ingrédient vaccinal breveté par Novavax et également utilisé dans le vaccin Covid-19 de la société de biotechnologie américaine.
Un vaccin bien plus efficace
En 2021, un autre vaccin, produit par le géant pharmaceutique britannique GSK, est devenu le premier vaccin antipaludique à être recommandé pour une utilisation généralisée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais des recherches ont montré que l’efficacité du vaccin de GSK était d’environ 60 % et diminuait considérablement avec le temps, même avec une dose de rappel. Or le nouveau vaccin R21/Matrix-M d’Oxford est, lui, efficace à 77 % pour prévenir le paludisme.
Une étude faite avec 450 bébés
Pour l’étude, 450 enfants âgés de cinq à 17 mois au Burkina Faso – où le paludisme représente environ 22 % de l’ensemble des décès – ont reçu trois doses en 2019. Ils ont été divisés en trois groupes : deux ont reçu différentes doses de l’adjuvant Matrix-M (un ingrédient vaccinal), le troisième groupe témoin a reçu un vaccin contre la rage. Avant la saison des pluies de 2020 et l’augmentation des cas de paludisme, 409 enfants sont revenus pour recevoir une injection de rappel.
Une seule dose de rappel
Pour le groupe ayant reçu la plus forte dose d’adjuvant, l’efficacité du vaccin est passée à 80 %. Pour la dose la plus faible, l’efficacité était de 70 %. Surtout, un mois après avoir reçu le rappel, les anticorps ont retrouvé un niveau similaire à celui observé après les premières doses reçues un an plus tôt. « C’est fantastique de voir une efficacité aussi élevée, après une dose de rappel unique », s’est réjoui l’un des auteurs de l’étude, Halidou Tinto, de l’Institut de Recherche en Santé du Burkina Faso.
200 millions de doses dès l’année prochaine ?
En effet, Oxford s’est associé au plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India. Cet institut « souhaite et est capable de fabriquer 200 millions de doses par an, à partir de l’année prochaine », a déclaré Adrian Hill. Les six à dix millions de doses que GSK peut produire par an ne sont « pas suffisantes pour 40 millions d’enfants qui ont besoin de quatre doses la première année », a-t-il dit. Le vaccin d’Oxford coûterait probablement quelques dollars américains par dose, moins de la moitié des 9 dollars pour la version de GSK, a-t-il ajouté. Les résultats d’un essai de phase 3 impliquant 4.800 participants, dans quatre pays, sont attendus plus tard cette année. Ce qui pourrait potentiellement conduire à l’approbation du vaccin.
Baisser les décès de 70 % d’ici 2030
Alors que le paludisme tue plus de 600.000 personnes, principalement des enfants, chaque année, « nous pourrions envisager une réduction très substantielle de ce fardeau horrible, une baisse des décès et des malades dans les années à venir, certainement d’ici 2030 », a déclaré Adrian Hill, spécialiste des vaccins à Oxford et co-auteur de l’étude.
Selon lui, une diminution de 70 % des décès dus au paludisme pourrait être atteignable dans ce délai, en partie grâce au grand nombre de doses de vaccin qui pourraient être produites rapidement.
Ibrahima KHALIL