Le business de la livraison à moto est en pleine croissance en Côte d’Ivoire et particulièrement à Abidjan. Cette activité génère des recettes financières et de l’emploi pour la jeunesse. Cependant, les risques et les difficultés que bravent les promoteurs et les livreurs sont nombreux.
L’activité de livraison procure d’importants revenus aux entreprises et aux livreurs. Agoh Nelson, titulaire du bac, est un livreur. La moto qu’il conduit appartient à un particulier qui la lui loue pour travailler contre versement d’une recette comprise entre 3 000 et 5 000 F CFA/ jour. Agoh confie à Le Tamtam Parleur qu’il gagne, en moyenne, entre 5 000 et 10 000 F CFA/jour et 250 000 FCFA, le mois. Autre livreur, propriétaire de la moto qu’il utilise, Diallo Mahamadou, affirme gagner entre 8 000 F et 10 000F par jour. Du côté des entreprises, la moyenne des recettes d’une journée est estimée à 15 000 FCFA par moto. Cependant, ces gains intéressants cachent d’énormes difficultés et des risques qu’il faut braver.
Des difficultés quotidiennes
L’un des principaux risques reste l’accident, pouvant conduire à la mort. Comme ces cas parmi tant d’autres de livreurs morts dans des collisions avec des véhicules le 16 février 2025 à Adjamé , le 18 décembre 2024 au Plateau et le 31 octobre 2024 sur le Pont De Gaulle.
Selon Cyril Kipré, ancien livreur devenu promoteur d’une application, « le métier de livreur est extrêmement risqué et stressant, surtout pour ceux qui livrent des repas ou des colis tels que des vêtements, des chaussures et autres articles », affirme-t-il. Cet ex-livreur détaille : « Un livreur peut récupérer un colis à midi, mais dès qu’il part en livraison, le client peut l’appeler toutes les cinq minutes pour savoir où il se trouve, car il attend le colis pour une sortie importante. Pour ne pas perdre les 1000F ou 2000 F CFA par livraison, le livreur roule à une vitesse excessive, mettant en danger sa vie et celle des autres usagers de la route ». La fatigue physique est aussi le lot quotidien des livreurs qui rallient plusieurs communes d’Abidjan au cours d’une journée.
Par ailleurs, les relations entre entreprises de livraison, livreurs et clients sont faites de brouilles, en permanence. Yao Kobenan Narcisse, responsable de la structure de livraison O’Colis, relève l’indisponibilité des clients au moment de la réception de leurs colis. Il souligne des « incompréhensions » liées à des soucis de monnaie ou de sécurité ; le fait que certains clients exigent au livreur de monter à l’immeuble alors qu’il n’y a pas de vigile pour garder sa moto. Il y a également les agressions récurrentes à l’arme blanche, pendant et après les livraisons, dont sont victimes les livreurs. Agoh Nelson se plaint, quant à lui, des commandes sans preneurs : « Souvent, il y a des commandes, quand on arrive sur place, il n’y a personne pour réceptionner. On se retrouve par moments avec des produits périssables comme des pizzas etc. qu’il faut ramener et cela nous fait perdre beaucoup de temps ». Les pannes et les accidents sont aussi monnaie courante dans ce métier. Nelson affirme qu’il prend en charge les frais de réparation des petites pannes telles que les crevaisons. Mais concernant les cas d’accidents, Cyril Kipré relate qu’il a rencontré de nombreux livreurs qui, aujourd’hui, ne peuvent plus exercer leur métier à cause des accidents de la route.
Des comportements pas ‘’catholiques’’ de livreurs
La majorité des responsables de structures ont confié à Le Tamtam Parleur qu’ils subiraient beaucoup de préjudices à cause des mauvais comportements de leurs agents. Ceux-ci enregistrent couramment des pertes d’articles, de colis, de moto, de pièces de moto, de recettes, etc. Deux livreurs de Cyril Kipré ont disparu avec l’argent des clients et les motos. « Cela a constitué une perte considérable pour mon entreprise. J’ai dû rembourser aux clients environ 400 000 F CFA », déplore-t-il.