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dimanche 9 février 2025
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Littérature : Traoré Moussa raconte le général Coulibaly

L’ancien président de l’Union Nationale des Journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) Traoré Moussa vient de publier aux éditions Pediyome : « Général Abdoulaye Coulibaly : Le parcours exceptionnel du pilote d’Houphouët-Boigny ».

Après la publication de Rôle et responsabilité des intellectuels dans la crise ivoirienne, paru en 2009, Traoré Moussa remet le couvert. L’ancien président de l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire (UNJCI) vient de publier aux éditions Pediyome : Général Abdoulaye Coulibaly : Le parcours exceptionnel du pilote d’Houphouët-Boigny. Il s’agit d’une biographie qui peint, à grands traits, la vie du général de brigade aérienne Abdoulaye Coulibaly dont une large tranche de vie est intimement liée à celle du premier président de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny. Traoré Moussa ne fait pas dans le sensationnel. Il n’invente aucun fait non plus. Le journaliste écrivain raconte plutôt avec ses mots à lui, et dans un style qui lui est propre, l’homme qu’il a connu en 2000, au détours d’un éternuement de l’histoire de la Côte d’Ivoire et qui s’est ouvert, petit à petit à lui, jusqu’à l’intégrer dans sa famille.

Subdivisé en trois grands chapitres, l’ouvrage relate comment l’enfant d’Adjamé, à force de travail, a réussi à devenir le pilote attitré du Président Félix Houphouët-Boigny dont la phobie pour l’avion n’était plus un secret. D’ailleurs, l’auteur raconte, page 69, citant Dr Ghoulem Berrah, qu’en raison de cette peur bleue de l’avion, « Houphouët empruntait souvent le bateau comme lors de son voyage retour des USA après avoir rencontré le Président Nixon ». 

Subdivisé en trois grandes parties, l’ouvrage aborde, dans un premier temps, l’enfance du général Coulibaly, ses années de formation et ses débuts dans l’armée. Intitulée « Qui est général Coulibaly ? », cette partie présente le « militaire discipliné », « toujours de bonne humeur », gentleman devant l’Éternel et friand de bonne chair.

Dans la deuxième partie : « Coulibaly et Houphouët », qui constitue le cœur de l’ouvrage, Traoré moussa raconte comment, par un concours de circonstances, le jeune lieutenant de l’armée de l’air ivoirienne est appelé comme copilote de l’avion présidentiel. « Le Président devait se rendre à Monrovia pour une réunion, et où, le pilote français qui devait le conduire était exposé à partir seul, son copilote souffrant d’une crise de paludisme. C’était en décembre 1971. Il fallait absolument trouver un suppléant, car le Mystère 20 ne volait pas avec un seul pilote. L’embarras était à son comble au GATL, et le chef des opérations, acculé, finit par me désigner. », rapporte l’ex-président de l’UNJCI, qui fait parler le général Coulibaly. Il poursuit : « Quand le Président prenait l’avion, l’équipage était en rang au pied de l’appareil pour le saluer et lui rendre les honneurs. Il montait, le premier dans la cabine, et c’était alors que suivaient le commandant de bord et ses collaborateurs. Ce jour-là, nous convenons tous que je déroge à cette règle pour que le Président ne s’aperçoive pas qu’un Ivoirien va servir de copilote. Je suis donc le premier à prendre place à bord de l’avion, avant son arrivée. Par chance, quand il monte, il se dirige vers son siège sans regarder sur sa gauche où se trouvait le cockpit. » L’officier général, selon le récit de Traoré Moussa, a assuré que le vol se passa à merveille. Et l’écrivain de poursuivre : « A l’arrivée, c’est le Président qui, cette fois, doit saluer l’équipage, avant de mettre pied à terre. Et c’est à ce moment-là qu’il s’aperçoit de ma présence, s’étant déplacé vers le cockpit. Sur son visage, je ne sens aucune expression, et cela me laisse le sentiment qu’il n’est pas mécontent de tomber sur un copilote noir. Nous faisons tranquillement le vol retour sur Abidjan où il avait demandé que, après chacune de ses sorties hors de Côte d’Ivoire, nous revenions systématiquement garer l’avion. L’appareil lui semblait être plus en sécurité à Abidjan qu’à l’étranger, en Afrique surtout. Quand nous atterrissons à Abidjan, quelle ne fut ma surprise de trouver à l’aéroport même, en train de nous attendre, mon ministre de tutelle, le ministre de la Défense. Le Président n’est pas content, m’apprend-il, terriblement consterné. » « Je risque de perdre mon poste. Si j’en juge par les propos qu’il m’a tenus au téléphone, je crois que votre présence dans l’avion va simplement me coûter ma place », relate Traoré Moussa. C’est le début d’une longue histoire faite de confiance et de respect entre les deux hommes. Abdoulaye Coulibaly restera aux commandes de l’avion du chef de l’Etat jusqu’à la disparition de ce dernier en 1993.

La troisième partie du livre, « Coulibaly et la Côte d’Ivoire », aborde une période plus récente de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Notamment celle qui part du coup d’Etat de 1999 jusqu’à aujourd’hui. Elle présente un Abdoulaye Coulibaly dans le creux de la vague, en difficulté avec le pouvoir de Robert Gueï puis de Laurent Gbagbo. Il sera réhabilité ensuite par Alassane Ouattara, à son accession au pouvoir, en 2011 et se verra confier la gestion d’Air Côte d’Ivoire.

En somme, c’est un général loin des champs de bataille que donne à voir Traoré Moussa, dans cet ouvrage émaillé d’anecdotes aussi plaisantes qu’instructives.

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