Après treize années d’études de médecine en France, le Dr Cheick Diakité Coty s’est spécialisé en chirurgie maxillo-faciale et esthétique. Depuis deux ans, il a regagné son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, où il a ouvert un cabinet. Dans cette interview, il nous parle de la chirurgie esthétique de façon générale et du BBL, en particulier.
Le Tamtam Parleur : Que doit-on comprendre par la chirurgie esthétique ?
Dr Cheick Diakité : Une chirurgie esthétique est faite pour améliorer l’aspect physique du corps d’une personne. La chirurgie esthétique est dite secondaire lorsqu’elle intervient dans le cadre d’une reconstitution due à une maladie, une pathologie ou à une malformation par suite d’un accident.
Depuis que vous vous êtes installé, recevez-vous beaucoup de patients ?
Mon objectif ce n’est pas la quantité, c’est surtout la qualité en prenant le temps de bien faire les choses.
Qui sont vos patients ?
90 % de nos patients sont des femmes. Mais le plus étonnant, c’est leur l’âge. Je reçois beaucoup plus de femmes dont l’âge varie entre 30 et 45 ans. Il y a des dizaines d’années en arrière, on voyait des femmes d’un certain âge compris entre 50 et 60 ans pratiquer la chirurgie esthétique. Aussi, il y a de plus en plus d’hommes parmi nos patients.
Quelles sont les parties du corps que les patients demandent à retoucher ?
Il y a le nez, les paupières. Au niveau du corps, on a la liposuccion qui est une intervention chirurgicale qui consiste à enlever les amas graisseux localisés par aspiration.
Dites-nous un peu plus sur le BBL qui a du succès en ce moment…
Le BBL signifie Brazil Butt Lift, entendez par là le Lifting Brésilien des Fesses. Le concept est très simple: c’est d’avoir de la graisse qu’on injecte dans les fesses.
D’où vient cette graisse ?
Cette graisse peut provenir du dos, du ventre, des bras, des cuisses. On la collecte avant de la filtrer, puis de l’injecter. C’est donc la propre graisse de la personne qu’on utilise pour faire le travail. Et c’est définitif.
Pourquoi selon vous, cette chirurgie a-t-elle beaucoup de succès auprès des femmes ?
Le BBL a du succès parce que ce n’est pas compliqué à faire, mais c’est risqué.
En quoi le BBL est risqué ?
Le BBL est la chirurgie la plus mortelle. Quand c’est fait par des personnes qui n’en ont pas l’expérience, ça peut s’avérer très rapidement mortel. Le risque dans le BBL, c’est la mort rapide.
Quel est ce risque-là ?
Il y a des endroits dans les fesses où il ne faut pas injecter la graisse. Quand vous y injectez la graisse, elle est envoyée dans les vaisseaux qui bouchent les poumons, le cœur. Ce sont des cas rares, mais quand ils surviennent, la mort est automatique.
Est-ce que vous expliquez ces risques aux patientes qui viennent pour ce genre de chirurgie ?
Bien entendu! J’ai d’ailleurs perdu des patientes qui, après avoir entendu les explications et les complications qui pourraient survenir, se sont rétractées. Nous prenons le temps de leur remettre des fiches qu’elles doivent prendre le temps de lire avant de revenir vers nous. Certaines reviennent. D’autres abandonnent le projet.
Le BBL fait-il partie des demandes en termes d’interventions chirurgicales ?
Le BBL fait partie de nos plus grosses demandes.
Est-ce qu’il vous est arrivé de refuser de pratiquer le BBL sur une patiente pour des raisons médicales ?
Deux clientes sur dix peuvent présenter des antécédents qui peuvent m’obliger à ne pas pratiquer cette chirurgie. Je ne leur dis pas que je refuse, mais je leur dis plutôt qu’on se reverra plus tard.
À quelles conditions l’intervention peut être possible ?
Il faut que la patiente soit bien dans sa tête. Elle ne doit pas être en état de dépression. Je ne dois pas constater une dysmorphophobie, qui s’explique par le fait que la patiente ne sera jamais satisfaite du résultat. L’intervention est possible quand la demande n’est pas insensée. Tout cela, c’est pendant la consultation que nous relevons ces aspects.
Quel est le processus qui aboutit au BBL ?
On prend rendez-vous. On échange. Quand la patiente décide de faire le BBL, elle reçoit une fiche de renseignement où tout est inscrit, y compris le devis. Pour passer à l’opération, il faut au moins deux rendez-vous, non sans prendre des photos. C’est médico-légal. Dans la deuxième consultation, on demande à la patiente si elle a lu la fiche de renseignement parce qu’elle doit être en mesure de nous expliquer l’intervention qu’elle souhaite faire. À 90 %, les patientes ne lisent pas la fiche de renseignement. Après les deux consultations, le contact est établi avec l’équipe médicale pour réaliser la chirurgie.
Y a-t-il des maladies chroniques comme l’hypertension, le diabète ou l’insuffisance cardiaque qui pourraient empêcher l’opération ?
Oui, de grosses pathologies comme des problèmes de cœur, la prise de médicaments, ou encore des ulcères sévères peuvent empêcher l’intervention. Cependant, une patiente qui est hypertendue peut subir une chirurgie esthétique.
Combien coûte une intervention chirurgicale BBL ?
Le coût du BBL chez nous varie entre deux millions et deux millions cinq cent mille. Refaire par exemple les paupières oscille entre 1,2 et 1,5 million.