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samedi 15 février 2025
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Déchets plastiques en Côte d’Ivoire: Les dangers pour la santé humaine

Environ 80 000 tonnes de déchets sont jetées dans les rues, les dépôts sauvages ou brûlées à l’air libre en Côte d’Ivoire. Cette pollution plastique expose la population à de graves risques sanitaires et environnementaux.

Entre 40 000 et 100 000 tonnes de déchets plastiques sont produits annuellement en Côte d’Ivoire. Mais seulement 5% à 20 %, soit environ 20 000 tonnes, sont recyclées, a déclaré, M. Assahoré Konan Jacques, ministre de l’Environnement du développement durable et de la transition écologique, le 16 mai 2024, lors d’une concertation sur la réglementation des sachets plastiques. 

D’après nos recherches et les documents consultés sur la question, une fois dans la nature, ces déchets plastiques libèrent des particules micro plastiques et nano plastiques chimiques à toxicité tels que des phtalates et des bisphénols, nuisibles à la santé des humains et des animaux. Ces substances chimiques intoxiquent les eaux et les végétaux par la pollution de l’air et des sols. 

En effet, les oiseaux, les mammifères ou même les insectes, courent le risque de consommer des déchets plastiques. Cela peut provoquer des obstructions dans leur système digestif et des infections, pouvant conduire à la mort. Les déchets plastiques peuvent aussi modifier la composition des sols, recouvrir les plantes qui ne pourraient plus croitre normalement et partant, détruire les écosystèmes terrestres. 

L’incinération des déchets plastiques ou leur dégradation libèrent des gaz à effets de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4), provoquant le réchauffement climatique.

Par ailleurs, les spécialistes estiment que pour une utilisation qui n’excède pas 20 minutes, les sachets plastiques une fois jetés dans la nature ont la capacité de polluer pendant plus de 400 ans. 

Le plastique se trouve dans plusieurs aliments

Le Tamtam Parleur s’est intéressé à des études effectuées ailleurs dans le monde. Des recherches menées en France sur plusieurs aliments que nous consommons -dont les résultats pourraient refléter la situation dans plusieurs pays- ont prouvé qu’il y avait des composants plastiques dans ces aliments. C’est le cas du sel, de la bière, des fruits et légumes, du thé ainsi que de la viande. 

Selon Guillaume Duflos, directeur de recherche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de la France, « on a trouvé des particules de microplastique et nanoplastique » dans des bouteilles d’eau minérale.

Les effets des composants plastiques sur la santé humaine sont pourtant sans équivoque. La chercheuse Sonja Roland, ingénieure de recherche à l’Université Paris Cité, qui prenait part à une audition du Sénat français, a fait des révélations alarmantes. Elle explique que les particules très fines du plastique ou nonoparticules « peuvent rentrer dans la circulation sanguine, remonter dans les nerfs et atteindre le cerveau et aussi les poumons ». La scientifique affirme également que les nanoparticules provoquent chez certaines personnes une altération de la fonction pulmonaire, une induction des effets respiratoires ou un cancer du poumon. Selon toujours des scientifiques, les constituants chimiques du plastique menacent directement le foie, les poumons, le cerveau, les reins, le système digestif et urinaire, la circulation sanguine, le fœtus, etc. 

Il existe plusieurs sources d’exposition des individus aux effets toxiques des déchets plastiques : l’ingestion due à la présence des particules plastiques dans l’eau, dans les aliments, ainsi que dans l’air, le contact physique via la peau du fait de la présence des particules plastiques sur les emballages, les produits cosmétiques, etc. et l’inhalation de la poussière ou des vapeurs due à la pollution de l’environnement où circulent des particules de microplastiques et nanoplastiques. 

Le cas de l’attiéké en emballage

Des chercheurs de l’UFR Science et Gestion de l’Environnement (UFR SGE) de l’Université d’Abidjan, du Centre Ivoirien Anti-Pollution (CIAPOL) et de la Station de recherche sur les cultures vivrières/ CNRA ont mené une étude sur l’attiéké, en octobre 2019. L’attiéké chauffé avait été mis dans des emballages plastiques, comme de coutume. L’expérimentation a révélé que « les polluants migrent des sacs en plastique vers l’attiéké et cette migration est beaucoup plus forte lorsque la température s’élève au-dessus de 40°C ». Les scientifiques préconisent que l’attiéké emballé chaud dans du plastique soit à moins de 40°C pour « limiter la migration des additifs chimiques » afin de protéger la population des risques sanitaires.  

Rappelons que l’Etat ivoirien a interdit la production, l’importation, la commercialisation, la possession et l’usage de sachets plastiques sur le territoire national par Décret N°2013-327 du 22 mai 2013. Les pollueurs risquent jusqu’à six mois d’emprisonnement et un million de francs CFA d’amende. Mais cette loi ne semble pas appliquée. 

Selon une étude publiée en juillet 2015 par le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’environnement), l’industrie du plastique finance directement environ 10.000 emplois dans plus de 40 entreprises de production de plastique en Côte d’Ivoire, et offre au moins 20.000 emplois informels supplémentaires.

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