Ancienne footballeuse, professeur d’Education Physique et Sportive (EPS), instructrice FIFA-CAF, Clémentine Touré est une sportive accomplie. Coach des Eléphantes footballeuses, elle a un parcours qui n’a pas été un long fleuve tranquille. Portrait !
Audace, courage, persévérance sont des mots qui définissent Clémentine Natogoman Touré. Eprise de football depuis son plus jeune âge, la native de Ferkessédougou – le 21 mars 1977 – s’est très tôt intéressée au football. Une passion qu’elle entendait vivre pleinement.
Le foot, une affaire de famille
Dans la famille Touré, le football est une passion commune. Avec un père professionnel en Côte d’Ivoire, ses trois frères et ses deux sœurs aussi passionnés qu’elle, les choses ne pouvaient que prendre cette tournure. Elle était destinée à emprunter ce chemin, celui d’être une professionnelle du football. « Petite, on ne parlait que de foot et nos cadeaux c’était des ballons », raconte-t-elle, nostalgique.
Un chemin parsemé d’embuches
« J’ai connu beaucoup de difficultés », témoigne-t-elle. Si dans certains pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, les femmes dans le football sont accompagnées et applaudies, sous nos cieux, cela n’a pas été toujours le cas et Clémentine en a payé les frais. « Personne ne voulait de moi » se souvient-elle. « En présentant mon dossier pour participer à un stage, on m’a refusée, en m’expliquant que c’était réservé aux hommes » révèle l’entraineuse. « Les garçons me rejetaient en me disant de jouer à la marelle avec le autres filles », ajoute-t-elle. Finalement acceptée pour le stage, elle s’accroche à son rêve, celui de devenir footballeuse professionnelle. « J’ai travaillé contre vents et marrées car je voulais prouver que j’avais ma place », explique-t-elle. Elle sort de ce stage major de sa promotion avec les félicitations de la fédération.
Son parcours
Pendant son parcours, la sportive rencontre celui qui deviendra son époux : un certain Haïdara Souhalio. Les deux ne partagent pas que le même lit ; ils partagent aussi la passion du foot. Footballeur, lui également deviendra coach des Eléphants Espoirs (U23). Après une carrière remarquable passée entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, marquée par 22 sélections avec les Eléphantes, place à la reconversion. Elle se me met à la tâche et obtient son diplôme de professeur en éducation physique et sportive. Clémentine Touré décide d’embrasser la carrière d’entraîneuse à l’instar de son père, également entraineur. Elle débute avec le club ivoirien des Amazones de Koumassi avec lequel elle obtient un trophée. Elle se fait remarquer par les dirigeants du club équato-guinéen « Aguilas Verdes », classé parmi les meilleurs sur l’échiquier local. « J’ai tout de suite accepté l’offre. J’avais l’opportunité de m’exprimer et de vivre mon expérience », se rappelle-t-elle. Clémentine est par la suite propulsée à la tête de la sélectionnationale de laGuinée Equatoriale avec laquelle elle remporte le Championnat d’Afrique de football féminin, en 2008.
Ses résultats parlent pour elle
Après son exploitretentissant en 2008, la coach dont la renommée s’est renforcée est rappelée par le président de la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) d’alors, Jacques Anouma, qui lui confie les Eléphantes footballeuses. Elle accepte et fait participer la Côte d’Ivoire à sa première compétition continentale. Quelques années plus tard, elle décroche la 3e place qui leur vaut une participation au Mondial au Canada en 2015.
Coach, épouse de coach, Clémentine Touré affirme que le sport n’est pas au centre de sa vie familiale. « A la maison, bizarrement, nous ne parlons pas de football. C’est plutôt la vie de famille, les enfants, les projets. Il a son équipe qu’il dirige; je n’ai rien à voir avec lui (ndlr : allusion faite à son époux).J’ai mon équipe que je dirige. Parfois, je viens prendre des conseils, mais il ne se mêle pas trop », révèle-t-elle. De son époux, elle dira : « il est comme un père pour moi parce qu’il m’a guidée, il m’a aidée. Il est le catalyseur de ma réussite, de mon épanouissement. Il m’a toujours accompagnée, il est toujours présent ».
Clémentine Touré, un nom qui a su s’imposer dans la sphère sportive ivoirienne, africaine et mondiale avec persévérance, courage et travail. Mère de deux enfants, elle ne compte pas s’arrêter là. La quadragénaire ne manque pas d’ambition. Parmi lesquelles, entrainer une équipe masculine de football. « Je suis prête et je pense pouvoir entraîner une équipe masculine. Oui, je peux le faire » assure-t-elle. L’entraineuse pourrait peut-être un jour casser les codes et conduire l’équipe masculine des Eléphants A ! Ce n’est pas à écarter, vu sa ténacité.
Madjara GNAMBA
