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dimanche 27 octobre 2024
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Bourse : Pourquoi l’Etat a vendu ses parts dans le capital d’Orange

L’Etat a cédé, fin décembre 2022, 9,95 % de la participation de 14,95 % qu’il détenait dans le capital du groupe Orange Côte d’Ivoire à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM).Quels sont les enjeux d’une telle opération ?

Cette opération de vente représente un total de 14.990.207 actions réparties selon deux catégories : la première, exclusivement dédiée au personnel éligible du groupe Orange CI et composée de 750.000 actions dont le prix unitaire de souscription est fixé à 7.600 FCFA et la seconde, à destination des personnes physiques et morales autres que celles de la première catégorie, composée de 14.240.207 actions, dont le prix unitaire a été fixé à 9.500 FCFA. En cédant ses parts dans le capital de l’opérateur de télécommunications, l’Etat ivoirien avait à cœur de lever, grâce à cette opération, un montant total indicatif de 140,9 milliards FCFA sur le marché régional. Objectif : d’une part maximiser les recettes publiques et de l’autre inciter à l’investissement de l’actionnariat populaire, tout en contribuant au développement du marché boursier régional et de l’économie nationale.Pour les analystes financiers, cette cession, qui a rapporté à l’Etat plus de 140 milliards de FCFA de recettes non fiscales a apporté une bouffée d’oxygène au gouvernement pour lequel « les fins d’année correspondent généralement à des périodes de tension de trésorerie avec l’accumulation des dépenses et le paiement des intérêts dus à la dette publique ». 

Historique

« L’Offre Publique de Vente (OPV) d’Orange Côte d’Ivoire que nous lançons est déjà historique à plus d’un titre. Parce que la participation de l’Etat au capital d’Orange Côte d’Ivoire en fait l’un des actifs publics actuels les plus importants, parce qu’il s’agit de la plus importante opération de privatisation menée dans notre pays […], parce qu’il s’agit en parallèle de la 26e opération de privatisation de la BRVM, mais elle est de loin la plus importante », indiquait le Premier ministre Patrick Achi, le 30 novembre 2022, lors du lancement de cette OPV. « Orange Côte d’Ivoire constitue un placement sûr aujourd’hui et un investissement d’avenir demain, dans un opérateur télécom clé, d’une économie locomotive de la sous-région et plus globalement du continent africain. Une économie et une nation, regardées aujourd’hui partout dans le monde pour le rythme de leur croissance, l’ampleur de leur réforme et la qualité extrême de leurs perspectives dans la discipline », avait-il ajouté.

Un exemple pour les États ouest-africains

« Nous attendions cette introduction en bourse depuis de nombreuses années » s’est réjoui de son côté Félix Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM. Avant de déclarer plus tard, que l’OPV réalisée par la Côte d’Ivoire était censée « montrer aux autres entreprises publiques qu’il est important de venir sur le marché boursier ». Face aux difficultés auxquelles sont confrontés les États africains sur le marché international des capitaux, le marché boursier s’impose désormais comme une nouvelle source de financements. Les gouvernements « peuvent maintenant envisager la possibilité de lever des capitaux en utilisant la privatisation », a-t-il soutenu

Selon le gouvernement, cette transaction répond à la volonté du Président Alassane Ouattara de faire en sorte que les Ivoiriens détiennent un portefeuille de titres à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. « L’OPV des actions de Orange Côte d’Ivoire est l’expression de la volonté du gouvernement ivoirien pour une répartition des richesses générées par la croissance du pays. Outil de promotion de l’actionnariat populaire l’Offre publique de vente est une solution de l’État pour accroître l’épargne des populations et les inciter à l’investissement », selon un communiqué de presse du gouvernement.

La capitalisation boursière de la BRVM augmente

D’après les autorités ivoiriennes, l’opération devrait permettre, à elle seule, d’augmenter la capitalisation boursière de la BRVM de 25 %. « Avec l’introduction en bourse d’Orange Côte d’Ivoire, l’institution financière comptera 46 entreprises, dont 35 ivoiriennes, selon l’agence Ecofin. « Plus globalement, l’arrivée de l’opérateur de téléphonie mobile ivoirien devrait redonner plus de poids au secteur des télécommunications sur la BRVM, et pourrait aussi modifier les allocations au niveau des investisseurs, notamment, les fonds indiciels. Si on prend l’exemple du S&P 500 Côte d’Ivoire BMI, jusqu’au vendredi 30 décembre, il était constitué de 32 titres d’entreprises cotées sur la BRVM, dont 47% pour le secteur financier, qui propose le plus d’entreprises sur ce marché », a fait remarquer l’agence.

La cession de 9,95% de part détenue par l’Etat ivoirien dans le capital de Orange Côte d’Ivoire, a été autorisée par le gouvernement par décret en date du 3 août 2022 et par l’Autorité des marchés financiers de l’Union monétaire ouest-africaine (AMF-UMOA), le 18 novembre 2022.

« Notre histoire qui a commencé en 1996 en Côte d’Ivoire est depuis 2016 devenue régionale et nous l’écrivons avec le Burkina Faso et le Liberia », avait indiqué, lors du lancement de l’OPV, Mamadou Bamba, Directeur général d’Orange Côte d’Ivoire, ajoutant que l’ouverture de l’actionnariat au public et l’introduction du Groupe Orange Côte d’Ivoire à la BRVM est une question de transparence de la multinationale française.

Le Groupe Orange Côte d’Ivoire affichait un chiffre d’affaires total de 965 milliards FCFA avec une croissance de 10,7% et un résultat net de 155,8 milliards FCFA, en croissance de 27,5%. Cette rentabilité a donné lieu à des versements de dividendes avec un taux de distribution de 77%.

Le Comité de privatisation, chargé de la mise en œuvre de l’offre publique de vente, est assisté dans sa mission par la Société de gestion et d’intermédiation (SGI) EDC Investment Corporation comme chef de file du syndicat de placement et par la SGI BNI Finances, comme co-chef de file.Pour information, il faut rappeler que cette opération de cession et de cotation en bourse, menée par les sociétés d’intermédiation EDC et BNI Finances, avait d’abord été engagée par l’ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly qui prévoyait de la boucler avant la fin de 2020.  Son décès survenu en juillet de la même année a modifié le calendrier. Son successeur, Hamed Bakayoko, a par la suite suivi le dossier avant de décéder, lui aussi, en mars 2021. Finalement, c’est en août 2022 que le gouvernement du Premier ministre Patrick Achi a décidé de relancer l’opération.

M’Bah Aboubakar

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