À l’horizon 2028-30, la Côte d’Ivoire produira environ 200 000 barils/jour de pétrole et 450 millions de pieds cubes/jour de gaz naturel (www.incotedivoire.net). Au mois de mars 2025, sa production a atteint 73 000 barils/jour de brut avec un objectif de 85 000 b/jour et 80–85 millions de pieds cubes/jour de gaz naturel. Les retombées du boom pétrolier sont palpables aujourd’hui. Les bénéficiaires sont les populations mais aussi plusieurs secteurs nationaux : budget de l’Etat, création d’emplois, industriel, l’économie, etc.
Quatrième pourvoyeur de recettes pour l’Etat ivoirien derrière les mines, les services et l’agriculture, le secteur du pétrole et du gaz connait une montée fulgurante de la production avec l’exploitation des gisements pétroliers offshore Baleine, Calao, Baobab, Espoir et Cossipo par les entreprises ENI, PETROCI Holding, Canadian Natural Ressources Limited, Svenska Petroleum et Vaalco Energy. Le gisement Baleine appartenant à ENI et PETROCI est en tête des productions avec près de 80 000 b/j et des réserves estimées à 2,5 milliards de barils. Calao (ENI-PETROCI) qui affiche des réserves de pétrole estimées entre 1 et 1,5 milliard de barils, rentrera en production d’ici 2028.
Des pétro milliards en hausse
Avec une production journalière de 73 000 barils en cours d’année 2025, la Côte d’Ivoire a multiplié par trois sa production, comparée à la période 1984-2025, pendant laquelle la production moyenne tournait autour de 26 000 barils/jour,
selon l’Agence d’information sur l’énergie des Etats-Unis (www.tradingeconomics.com). La part du pétrole dans les exportations du pays, en 2025, est estimée à environ 15%. Le Document d’orientation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP 2025-2027) présenté le 25 juin 2024 devant la commission des affaires économiques et financières de l’Assemblée nationale par le ministre des Finances et du Budget, Adama Coulibaly, détaille cette manne pétrolière sur les trois prochaines années. Selon les projections du DPBEP, les recettes d’hydrocarbures se situeront à 127,7 milliards en 2025 ; 205,4 milliards en 2026 et 243,2 milliards en 2027. Ainsi donc, le secteur pétrolier va générer des centaines de milliards de revenus au bénéfice de l’économie et du développement du pays.
Le pétrole, une croissance partagée
Les fruits de cette croissance pétrolière bénéficient aux populations ivoiriennes grâce à la loi sur le contenu local qui exige que les entreprises locales puissent bénéficier de la manne pétrolière. Par ailleurs, dans les contrats avec les compagnies pétrolières, des mécanismes de financement du gouvernement sont intégrés, pour permettre de financer le fonctionnement de l’Etat, l’économie et des réalisations sociales de base. Une illustration de cette loi sur le contenu local est donnée à travers le contrat de partage de production des hydrocarbures Bloc CI-802 signé à Abidjan, le 13 juillet 2021, entre le gouvernement de Côte d’Ivoire et les entreprises ENI Côte d’Ivoire Limited et la Société nationale d’opérations pétrolières de la Côte d’Ivoire (PETROCI). Cette convention -disponible sur le site fr.scribd.com- fait obligation à la société ENI de verser annuellement au gouvernement ivoirien 600 000 dollars (338 983 790 francs CFA) pendant l’exploration et 1 800 000 dollars (1 017 044 200 francs CFA), en phase d’exploitation du gisement. Ces fonds servent pour l’équipement ; les services ; le matériel ; les consommables, etc. ; la formation du personnel de PETROCI et de l’administration ivoirienne en charge des hydrocarbures. À cela s’ajoutent la construction d’infrastructures de bases (dispensaires, centre de santé, hôpitaux, écoles), ainsi que le soutien aux entreprises locales et la promotion du développement économique.

Un plan d’ivoirisation du personnel, prévu dans le contrat, exige que le personnel des sociétés pétrolières soit composé à 70% d’Ivoiriens dès la première année et à 80% à la troisième année. Les chiffres concernant le nombre d’emplois créés dans le secteur pétrolier restent cependant inaccessibles. Le Tamtam Parleur a contacté les services de communication de PETROCI et d’ENI qui n’ont pas donné une suite.
Les réalisations sociales de PETROCI et d’ENI
ENI Côte d’Ivoire a lancé divers projets durables répertoriés dans son premier rapport de développement durable pour la Côte d’Ivoire. Le document, publié sur la plateforme numérique de l’entreprise (www.eni.com), indique qu’elle a investi dans des initiatives de décarbonatation, de diversification économique, d’éducation et de santé. Dans le cadre de la réduction des gaz à effet de serre, ENI a distribué 100 000 foyers améliorés, touchant 500 000 personnes dans 1000 villages ivoiriens. Et, l’objectif serait d’atteindre 500 000 foyers en 2030. ENI a également réalisé une étude de faisabilité pour un projet de reforestation d’environ 155 000 hectares, dans 14 forêts classées ivoiriennes. En outre, la société pétrolière italienne a mis en place un projet de production d’huile végétale, à partir de résidus forestiers destinés au bioraffinage. Ce projet est mené au profit de milliers d’agriculteurs qui diversifient ainsi leurs sources de revenus grâce à la collecte de semences résiduelles d’hévéa dans 50 000 hectares de plantations sur un bassin total de 300 000 hectares.
Dans le domaine de la formation, de l’éducation et de la santé, ENI revendique d’importantes réalisations. Elle affirme avoir dispensé plus de 7 000 heures de formation au bénéfice de 135 employés d’entreprises locales pour acquérir des expertises diverses et avoir rénové 20 écoles primaires et deux collèges dans la commune de Port-Bouet et la région du Sud-Comoé. Ce qui permet à plus de 13 000 élèves d’accéder à l’eau et à l’électricité et d’être équipés en matériel pédagogique. Des programmes de formation dont deux masters ont été également mis en place par ENI, en partenariat avec l’Institut national polytechnique Félix Houphouët Boigny (INPHB) pour encadrer des techniciens ivoiriens spécialisés dans les domaines de l’énergie et du pétrole. Elle a, en outre, réhabilité plusieurs centres de santé qui bénéficient à 230 000 personnes, toujours selon ENI.
PETROCI réalise, elle aussi, d’importantes œuvres dans le cadre de sa politique sociale (RSE). Le 27 février 2025, la société a par exemple remis 20 générateurs d’hémodialyse au Centre national de prévention et de traitement de l’insuffisance rénale (CNPTIR). Selon le directeur général du CNPTIR, seulement 20% de près de 500 nouveaux cas inscrits à la dialyse sont pris en charge à cause de l’insuffisance des infrastructures, causant une mortalité qui varie entre 25 et 40%. PETROCI a aussi construit plusieurs ouvrages : maternités, dispensaires, logements d’agents de santé, écoles primaires et logements d’instituteurs au profit des populations dans les régions du Poro, du Kabadougou, du Tchologo et du Hambol. Cela, précisément dans la ville de Korhogo et les villages de Tora, Pongola, Tolokindé et Djamakala. En outre, l’entreprise, à travers la « Fondation PETROCI », créée en 2008, contribue fortement à la promotion de l’éducation, de la santé et du genre, à travers diverses actions destinées aux communautés à la base. En témoigne l’offre en octobre 2024 de trois salles de classes, des kits scolaires ainsi qu’une pompe hydraulique aux populations des villages Pokoukro et Loua, dans la sous-préfecture d’Oumé.

PETROCI qui est une entreprise publique est partenaire sur tous les gisements, avec une participation initiale de 10%, suivie d’une participation additionnelle obligatoire de 13,10%. La compagnie a réalisé des chiffres d’affaires de 576 milliards FCFA et un résultat net de 32,46 milliards FCFA en 2024 et vise un objectif de 35,46 milliards en 2025. C’est ce qu’a révélé la Directrice générale Fatou Sanogo, lors d’une réunion avec son personnel, le 25 avril 2025, dont le compte-rendu est publié sur la page Facebook de l’entreprise. Le rapport 2021 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), indique que pour l’année 2021 PETROCI a accordé des dons d’un montant total de 1 755 millions FCFA dont 947 225 236 millions FCFA investis, via sa fondation, dans les œuvres sociales.
La Côte d’Ivoire « consomme local » en gaz naturel
La Côte d’Ivoire consommerait localement la totalité de sa production du gaz naturel. Elle exporte cependant autour de 90% de sa production de pétrole brut et reste toujours dépendante de l’importation des produits pétroliers. Des experts du secteur du pétrole ont confié à Le Tamtam Parleur que le pays a une capacité limitée de raffinage de sa production nationale de brut en augmentation. La Société ivoirienne de raffinage (SIR), seule grande raffinerie, ne suffit pas à transformer toute la production, face à une demande interne croissante en carburant. En outre, selon toujours les experts, la vente du pétrole brut se fait plus facilement sur les marchés internationaux et génère rapidement des devises dont les marges bénéficiaires seraient plus avantageuses que celles du pétrole raffiné et vendu au niveau local. Cependant, dans le cadre du Plan national du développement 2021-2025, les autorités affirment leur volonté de renforcer la transformation locale pour aller vers la souveraineté énergétique et l’industrialisation.



