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mardi 25 novembre 2025
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Diplômes non homologués: Les conséquences pour les étudiants

Incompréhension, stress et même dépression sont des comportements observés chez ceux des récipiendaires dont les demandes d’homologation de leurs diplômes ont été rejetées pour dossier non conforme. Pour les étudiants qui ont obtenu des diplômes dans des établissements privés, les conséquences sont généralement immédiates.

Des problèmes d’équivalence de diplômes conduisent, parfois, à des situations de grand stress : blocage des démarches administratives, professionnelles, frein à la mobilité académique, rejet de dossiers, etc. Il s’agit là des conséquences des diplômes non homologués, selon un enseignant de droit dans une université confessionnelle d’Abidjan. « J’ai vu des étudiants déprimés à cause de ces cas de diplômes non homologués », témoigne-t-il. C’est visiblement le cas de F. Konan. Il se souvient encore de cette déception d’il y a deux ans. Après avoir brandi fièrement son parchemin d’ingénierie en marketing et communication, il a vite déchanté, quand il a exprimé le besoin de continuer ses études dans une université publique. Là, il s’est heurté à une fin de non-recevoir du service d’équivalence de l’université publique. « Ils m’ont dit que mon diplôme n’était pas homologué », se souvient-il. Conséquence : impossible d’obtenir l’équivalence. Après des années passées au sein de cet établissement, ce qu’il croyait être le sésame n’avait aucune valeur. Pourtant, affirme F. Konan, toutes les assurances avaient été données par l’établissement au sein duquel il avait fait ses études, avec la promesse de régler le problème de diplômes non homologués. « Mes attentes sont restées vaines », nous confie l’ancien étudiant.

Des rejets de dossiers pour diplômes non reconnus

Vendredi 22 août 2025, il est 19 heures. Nous voilà à la rencontre de T. B. Alain, commercial dans une entreprise de vente de produits phytosanitaires. En 2021, il avait fait partie de ces 2550 candidats à un concours de la Fonction publique dont les dossiers avaient été rejetés par la commission de validation sur les 115 979 enregistrés. Au nombre des raisons qui ont motivé ces rejets de dossiers, il y avait des diplômes non reconnus. « J’ai été désemparé de savoir que mon diplôme n’était pas authentique, après les trois années que j’ai passées dans cette université privée », s’indigne-t-il. La colère exprimée par notre interlocuteur auprès de l’établissement privé ne lui a pas permis de trouver une solution à ce problème. «Si aujourd’hui, je travaille dans cette entreprise, c’est parce que l’entreprise n’a pas pris le temps d’authentifier mon diplôme professionnel », ajoute-t-il. 

Un expert dans l’enseignement supérieur indique que des diplômes issus d’universités privées peuvent être rejetés, lors des concours de la Fonction publique, si l’établissement n’est pas reconnu par l’État ou si le diplôme n’a pas été homologué.  Les candidats doivent s’assurer de la reconnaissance de leur établissement et obtenir les documents requis, notamment une attestation d’authenticité, pour que leurs diplômes soient acceptés. Pour terminer, il explique que la non-homologation du diplôme peut causer un frein à la mobilité académique. Puisque, ajoute-t-il, les étudiants souhaitant poursuivre leurs études à l’étranger ou revenir pour des études supérieures en Côte d’Ivoire sont souvent obligés de produire une équivalence ou une homologation. En l’absence de ces documents, la mobilité académique est fortement compromise. Face à ces nombreuses situations qui causent d’importants dommages aux étudiants, tous les regards sont fixés vers les universités privées.

Ne pas généraliser les cas isolés

Selon Dr Elete Aka, président honoraire de l’Union patronale de l’enseignement supérieur privé, qui s’était confié à un confrère, ce problème d’homologation concerne les diplômes post-BTS. Il explique que le processus d’homologation pouvait prendre deux à trois ans. Pour lui, il ne faut pas mettre tous les établissements dans le même panier. Il est convaincu que, quelquefois, beaucoup d’étudiants s’impatientent et ont tendance à généraliser leur cas isolé. Pour le chargé de communication d’une université privée, le processus d’homologation était un vrai parcours du combattant. Mais aujourd’hui, des réformes en cours sont en train d’améliorer les choses.

 L’accréditation systématique remplace l’homologation.

Au regard de ces nombreuses et fastidieuses démarches pour l’homologation ponctuelle des diplômes, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a lancé le 25 mai 2025, un système d’accréditation des programmes de formation menée par l’Agence nationale de l’Assurance-Qualité de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (ANAQESR) afin de garantir la qualité des formations. Selon le ministère, cette agence devient désormais l’instance chargée du contrôle qualité et de l’accréditation des programmes, pour tous les établissements publics et privés. Les diplômes (ou programmes de formation) devront satisfaire aux critères nationaux avant de pouvoir prétendre à une reconnaissance sous-régionale (notamment par le CAMES). « Ce système d’accréditation est mondial », a fait savoir Arsène Kobéa, directeur de cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Adama Diawara. L’objectif de ce système, selon le ministère, est d’harmoniser les programmes avec les normes nationales et internationales, de promouvoir la qualité de l’enseignement supérieur, de faciliter la mobilité académique et de répondre à une exigence nouvelle du CAMES, qui impose désormais une accréditation nationale préalable à toute reconnaissance régionale.

Rappelons qu’avant cette réforme, l’homologation faisait obligation à tout établissement supérieur privé ou public de soumettre un dossier de demande d’homologation comportant la description du programme de formation, la liste et le CV des enseignants, les infrastructures pédagogiques disponibles… Ce dossier était analysé par la Commission de reconnaissance et d’équivalence des diplômes, avant de donner un avis favorable ou contraire.

Il ressort des dernières données existantes que les diplômes de 102 filières de dix-neuf établissements publics et privés ont été homologués, en 2021, par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Hervée MONA

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