Médecin d’un club de football de première division, Osman chérif sort du silence, après la mort brusque du défenseur du Racing Club d’Abidjan (RCA) Moustapha Sylla. Dans un message publié sur son compte Facebook, il touche du doigt les problèmes qui minent le service médical des clubs de football et propose des solutions.
Hier (Ndlr le dimanche 5 mars), notre pays a été secoué par le décès de Moustapha Sylla, le défenseur du Racing d’Abidjan, en plein match. Que Dieu l’accueille dans son paradis et réconforte sa famille. En tant que médecin d’un club de football de première division, je souhaiterais humblement proposer à la Fédération Ivoirienne de Football de revoir complètement le mécanisme de fonctionnement du service médical.
C’est l’anarchie complète : de nombreux clubs de première division n’ont pas d’équipe médicale ; les joueurs, en dehors des matchs, sont livrés à eux-mêmes. Des épileptiques, des cardiopathes sont mis en danger dans la pratique de ce sport. Un joueur malade en dehors du terrain peut perdre la vie sur le terrain à n’importe quel moment.
En début de championnat, La FIF demande à chaque club de fournir un certificat médical de non contre-indication à la pratique du football, mais la délivrance de ce certificat n’est pas contrôlée par les instances et ce certificat est valable pour trop longtemps. C’est extrêmement dangereux. Mon club est l’un des rares du championnat à avoir prévu trois bilans complets cardiorespiratoires cette saison (début de saison, mercato, nouveau joueurs et bilan de fin de saison).
Je rappelle que le joueur décédé, on le voit sur la vidéo, n’a pas eu de choc avant de tomber. Il n’a présenté aucun signe avant le match… Il a fait un malaise indépendant du football. Si ce joueur était suivi régulièrement par un médecin, certaines choses pouvaient être anticipées.
Pour la procédure d’évacuation de la FIF, c’est aussi l’anarchie. Quels sont les délais et qui accompagne un joueur qui fait un malaise ? Le médecin du match ? Le médecin de l’équipe ? Les deux ? Mais le médecin du match qui doit assurer la continuité ne peut pas quitter le stade ! Donc qui va aller avec le malade ? ça perd du temps et les malades peuvent en décéder…Je pense que les clubs qui n’ont pas suffisamment de moyens sont trop laissés pour compte dans la gestion de leur service médical et c’est cela que dénonce Didier Drogba…
Notre grand frère, le Dr. Kouassi Parfait, Responsable de la Commission Médicale de la FIF fait déjà énormément, mais il n’est pas accompagné par les volontés.
Vivement que ça change, ce sont des vies humaines en jeu.
Dr Osman Chérif, Médecin interne des hôpitaux