Le cancer du foie est la troisième cause de décès par cancer dans le monde, selon les estimations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Zoom sur cette maladie qui, dans la grande majorité des cas, pourrait pourtant être évitée.
Situé sur la partie supérieure droite, le foie est un organe vital qui assure de nombreuses fonctions de l’organisme. Capable de se régénérer, il sécrète la bile et intervient dans le métabolisme des glucides, des lipides et des protides. Il joue un rôle primordial d’épuration et de détoxication. Comme pour tout organe vital, les maladies qui l’affectent s’avèrent souvent préoccupantes.
Personnes âgées, attention !
Selon les spécialistes de la maladie, le cancer du foie survient principalement avec l’âge. Environ 40% des patients ont entre 50 et 69 ans au moment du diagnostic, la moitié des patients ayant 70 ans et plus.
Un cancer évitable
Le cancer du foie suit le plus souvent l’évolution d’une maladie hépatique chronique comme une cirrhose ou une hépatite B ou C. En fait, il ne se développe que très rarement sur un foie sain. L’alcool est le principal facteur de risque. Il est responsable de la moitié des nouveaux cas de cancers du foie. Et pas besoin d’être alcoolique. « La consommation d’un à plusieurs verres de boissons alcoolisées par jour, même si elle n’entraîne pas de dépendance et de cirrhose du foie, est également considérée comme un facteur de risque », rappelle l’Institut Curie,premier centre de lutte et de recherche contre le cancer en France, cité par le site www.destinationsante.com
L’obésité et le surpoids, le diabète de type 2, l’hépatite B, D ou C et enfin le tabac apparaissent eux aussi comme des facteurs favorisants.
Des symptômes peu spécifiques
En fait, le cancer du foie peut, tout comme les maladies chroniques qui y prédisposent, rester silencieux de nombreux mois, voire de nombreuses années. C’est pourquoi le diagnostic est souvent tardif, à un stade avancé.Les symptômes qui apparaissent alors sont peu caractéristiques : fatigue, troubles digestifs, perte de poids, nausées… Avec l’évolution de la maladie, des symptômes plus sévères apparaissent : jaunisse, ascite (un gonflement du ventre par accumulation de liquide dans la cavité abdominale) …
Des traitements au cas par cas
La prise en charge thérapeutique dépend du stade de la maladie. « Si la tumeur est petite et localisée, le chirurgien va procéder à une ablation partielle du foie. La destruction de la tumeur par radiofréquence est aussi une alternative », explique l’Institut Curie. « Si la tumeur est volumineuse ou disséminée en plusieurs endroits du foie, une ablation totale suivie d’une greffe peut être envisagée. Mais la chirurgie n’est pas toujours possible. Si la tumeur se développe sur un foie déjà malade, comme c’est souvent le cas, il risque de ne pas rester suffisamment de tissu sain pour permettre à l’organe de se régénérer et de fonctionner normalement », ajoute les spécialistes de l’Institue Curie
La destruction tumorale percutanée représente une alternative à la chirurgie. Cette technique utilise la chaleur (radiofréquence) ou le froid (cryothérapie) pour détruire la tumeur à travers la peau, sans ouvrir l’abdomen. Enfin, lorsqu’il n’est pas possible de détruire ou de retirer la tumeur, des traitements de chimiothérapie permettent de ralentir le développement du cancer.
La situation en Côte d’Ivoire
Le cancer, de façon générale, est un problème majeur de santé publique en Côte d’Ivoire. Ce, du fait de sa morbidité et de sa mortalité élevées. Selon les estimations de l’agence Global Cancer Observatory (Globocan), en 2020, le nombre de nouveaux cas en Côte d’Ivoire était estimé à 17.300 dont 9.896 femmes et 7.404 hommes. Ainsi, selon les chiffres publiés par le Programme National de Lutte contre le Cancer (PNLCa), le cancer du sein est le plus fréquent (19,1%), suivi des cancers de la prostate (15,9%), du col de l’utérus (11,9%) et du foie (6,6%). Chez la femme, les cancers du sein et du col de l’utérus sont les plus diagnostiqués ; les taux d’incidence standardisés sont respectivement de 44,7 et 31,2 pour 100 000 femmes. Chez l’homme, les cancers de la prostate (48 pour 100.000) et du foie (10,1 pour 100.000) occupent les deux premiers rangs, en termes d’incidence, toujours selon l’agence Globocan.
Chez l’enfant, en moyenne 170 nouveaux cas de cancer sont recensés chaque année (171 cas en 2018 ; 179 en 2019 et enfin 149 en 2020) en Côte d’Ivoire. La réduction relative des cas incidents en 2020 est principalement attribuable à la baisse globale des consultations hospitalières à cause de la pandémie à COVID-19.
Par ailleurs, toujours selon le PNLCa, la mortalité liée au cancer reste très élevée. En effet, près de 11.760 décès ont été estimés en 2020. Elle est en grande partie liée à l’ignorance de la maladie cancéreuse et au diagnostic tardif, dans près de 75% des cas.
A l’échelle mondiale
Le fardeau du cancer dans le monde est estimé à 19,3 millions de nouveaux cas et près de 10 millions de décès en 2020, représentant un véritable problème de santé publique, toujours selon l’agence Globocan. Les cancers les plus incidents étaient par ordre de fréquence le cancer du sein (2,26 millions de cas), le cancer du poumon (2,21 millions de cas), le cancer colorectal (1,93 million de cas), le cancer de la prostate (1,41 million de cas), le cancer de la peau (non mélanome) (1,20 million de cas), et le cancer de l’estomac (1,09 million de cas). Plus de 85% des décès sont enregistrés dans les pays en développement.
Dans la zone Afrique de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 845.946 nouveaux cas et 543.471 décès ont été répertoriés en 2020. L’Afrique de l’Ouest, à l’instar des autres régions d’Afrique subsaharienne, reste touchée par le cancer. Près de 242.210 nouveaux cas, tous sexes confondus, ont été estimés (Globocan 2020). Les cancers du sein, du col de l’utérus, de la prostate, du foie et du colon-rectum sont les cinq cancers les plus prévalents.
M’Bah A.