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mardi 22 octobre 2024
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Saison pluvieuse : Période redoutable pour les drépanocytaires

La saison des pluies est une période particulière, qui suscite l’inquiétude chez les personnes souffrant de la drépanocytose. Celles-ci étant de plus en plus exposées aux maladies courantes telles que les infections des voies respiratoires, le paludisme, la fièvre typhoïde…, du fait de l’humidité et du froid engendré par les nombreuses pluies.

Murielle K se remet tout doucement d’une longue crise de douleur drépanocytaire, après deux semaines d’hospitalisation en juin 2022.

« Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé, mais je suis tombée dans les pommes après être sortie de la douche. Je me suis retrouvée à l’hôpital. J’y étais pendant deux semaines pour une transfusion sanguine. Ensuite, je suis rentrée à la maison, où j’ai également passé deux semaines au lit. Il était difficile de me lever, j’avais tout le temps mal, c’était pénible. J’étais tout le temps au chaud, je ne bougeais pas de la chambre. Il y avait même quelqu’un pour m’aider à me baigner », se souvient-elle. Cette crise drépanocytaire dite vaso-occlusive, la jeune communicatrice la vit très souvent, mais beaucoup plus, pendant la saison des pluies. « C’est dû à la drépanocytose », laisse entendre la patiente qui présente l’une des formes virulentes de la maladie.

De fait, la crise drépanocytaire appelée encore crise vaso-occlusive se manifeste par l’aggravation soudaine de l’anémie, des douleurs au niveau de l’abdomen ou des os, des bras, des jambes, …

Crise drépanocytaire ou vaso-occlusive

Si les malades de la drépanocytose manifestent régulièrement des crises vaso-occlusives, quelle que soit la période, ils sont beaucoup plus exposés, pendant la saison des pluies. Selon docteur Botti Renée Paule, hématologue et ancien interne des hôpitaux, « le nombre de patients en crise arrivant en urgence double, voire triple, pendant la saison fraîche ». Et cela demeure inquiétant pour la plupart des malades de la drépanocytose, ainsi que pour leurs proches.

« A l’approche de cette saison, je me mets à stresser. Pourtant, cela m’est formellement interdit par mon médecin. Vous savez quoi ? L’année dernière, j’ai raté plusieurs séances de cours. Dès mon retour, je suis allée voir un professeur pour lui expliquer mon absence. Il m’a carrément demandé d’arrêter de venir à l’école puisque je suis parfaitement consciente que je vais mourir. Ça été choquant. Et ce genre de propos, on les entend tout le temps. Déjà que c’est difficile de se mettre à jour, rattraper les compositions… », s’indigne Jessica B, élève dans une grande école d’Abidjan, atteinte de cette maladie.

La drépanocytose est une maladie héréditaire, transmise par les deux parents. Elle est caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine. Il s’agit d’une protéine riche en fer, qui donne au sang sa couleur rouge. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la drépanocytose affecte 120 millions de personnes dans le monde. En Côte d’Ivoire, le taux de prévalence est estimé à 14%. Le pays enregistre plus de 6000 cas par an.

Pour docteur Paul Denise Yapo, médecin interne des hôpitaux, on distingue cinq types de malades de la drépanocytose, regroupés en trois grandes formes: la forme majeure anémique, la forme majeure non anémique et la forme mineure. Les formes les plus exposées aux crises, en cette saison pluvieuse, sont les majeures. Notamment les SS, SC, SSFA2, SFA2, SAFA2, et SC, à en croire docteur Botti.

Vivre avec la maladie

« Tout sujet drépanocytaire doit faire l’objet d’un suivi régulier par un hématologue, au moins tous les trois mois. Il devra obligatoirement prendre son traitement (Tanakan et ou Acfol, ou Hydrea…) tous les jours et ne pas l’interrompre, sans l’accord de son médecin traitant. Cela réduira le risque de complications graves. Aussi, de nos jours, les drépanocytaires vivent très longtemps tant qu’ils sont bien suivis. Il faut savoir que la drépanocytose se guérit par la thérapie génique ou la greffe de moelle osseuse, qui ne se font pas pour l’instant en Côte d’Ivoire. D’où l’intérêt d’insister sur la prévention par l’éviction de mariage entre deux drépanocytaires AS, des unions consanguines, le dépistage prénuptial systématique», fait savoir le médecin.

Pour éviter de déclencher la crise vaso occlusive ainsi que l’anémie, la praticienne conseille le port des vêtements qui maintiennent au chaud. Il s’agit de chaussettes, de gants, de hauts manches longues, de pantalons ou de jupes longues. Elle recommande vivement aux patients de ne surtout pas sortir sous la pluie. En sus, elle exhorte les malades à avoir à portée de main leurs médicaments, partout où ils vont.

Pour une meilleure santé mentale des patients, le conseiller psychologue, attaché administratif au cabinet du ministre de la Fonction publique Ahodakin Deffan, invite les personnes proches, et les parents à « œuvrer de sorte à ce que les personnes atteintes puissent reprendre goût à la vie ». Ce, en les entourant d’amour et d’affection, afin qu’elles puissent avoir confiance en elles-mêmes et comprendre que cette pathologie n’est pas la fin du monde. « Il faut être à leurs soins, à leur écoute et les accompagner pendant le traitement », conseille-t-il.

Marina KOUAKOU

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