Autrefois considéré comme le langage des couches sociales défavorisées et de la rue, le nouchi est depuis un certain temps enseigné à l’Institut français d’Abidjan.
Les apprenants du nouchi à l’Institut français sont de nationalités diverses. On y trouve des nationaux et des étrangers dont des Français et des Japonais. Augustin Nawone, administrateur des cours de français à l’Institut, explique que les cours de nouchi ont été initiés par Céline Desbos, ex-directrice du pôle français, et ont commencé en 2024. Le volume horaire du cours est de 18 heures subdivisées en 9 séances de 2 heures chacune sur une période de 75 jours. Le tarif du cours est de 50 000 FCFA et une quinzaine de personnes se sont déjà formées, affirme Augustin Nawone.
Les contenus du cours sont basés sur l’apprentissage des expressions nouchis qu’on retrouve dans la vie de tous les jours. Pour le moment, le nouchi s’écrit avec les lettres de l’alphabet français et n’a pas de règles grammaticales ni un vocabulaire uniformisé. C’est le cas du mot « yèrè » qui désigne une personne dont l’esprit est ouvert et qui pourrait s’écrire yaira, yéri ou yèrè, tout en gardant le même sens. Les adeptes de cette langue veulent la standardiser afin qu’elle puisse être plus crédible.
KPG le slameur, enseignant de nouchi
Koffi Parfait dit KPG, artiste slameur et membre fondateur du collectif « au nom du Slam », est le formateur principal en nouchi à l’Institut français. Rappeur et slameur, ses textes ont toujours été écrits en nouchi. Il est né et a grandi dans le quartier populaire d’Abobo qui est l’une des bases du nouchi en Côte d’Ivoire. KPG est auteur d’un livre essentiellement en nouchi intitulé « Ce n’est pas le tonnerre, mais notre estomac qui gronde », publié en 2023. Plus d’une centaine d’exemplaires de l’ouvrage a été vendue au Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) 2024.
L’avenir du nouchi
Augustin Nawone est formel : « le nouchi est une langue d’avenir ». Selon notre interlocuteur, « 80 % de la création artistique en Côte d’Ivoire est en nouchi ». Il cite les groupes Magic System, Team PAIYA et la quasi-totalité des humoristes ivoiriens, qui utilisent le nouchi.
« Le nouchi n’est pas la langue des voyous mais une langue qui véhicule un message », défend KPG. Ce dernier fait savoir que les étrangers sont les plus intéressés par l’apprentissage de cette langue. D’où le message qu’il lance aux Ivoiriens de s’intéresser au nouchi et d’apprendre la langue en profondeur.
