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dimanche 6 octobre 2024
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Portrait : Koné Oumar, l’homme aux 83 médailles

Avec 83 médailles au compteur, l’athlète paralympique ivoirien, Koné Oumar, est le plus titré au monde. Le sportif vit cependant dans l’ombre, méconnu de la plupart de ses compatriotes. Zoom sur cette figure emblématique de l’athlétisme mondial.

Son palmarès élogieux ferait pâlir d’envie les stars du sport les plus médiatisées. Avec ses 83 médailles – 61 médailles en or, 16 en argent et 6 en bronze – Koné Basakoulka Oumar reste, à ce jour, l’athlète le plus titré de la planète. Et pourtant, ce n’était pas donné pour l’Ivoirien, natif du Nord de la Côte d’Ivoire, qui a eu le malheur d’être amputé du bras droit dans son enfance. Marginalisé à la suite de ce coup du sort, il trouve refuge dans l’athlétisme qui lui servira à surmonter son handicap et à vivre une vie inespérée.

Premiers pas dans l’athlétisme

La rencontre entre Koné Oumar et l’athlétisme remonte à 1994. L’athlète qui n’avait que 21 ans à cette époque, raconte : « J’ai commencé à courir en 1994, d’abord avec les athlètes valides, avant de rejoindre la famille des handicapés ». En fait, c’est au cours d’une émission télévisée qu’il a connaissance du « cross populaire », une sorte de course à pied hors route. Il en est séduit. Il va s’inscrire et participer à sa première compétition. C’est le début d’une belle aventure. En 1995, il est révélé au monde et aux Ivoiriens, lors du premier championnat d’Afrique arabo-africain au Caire, en Egypte, où il décroche sa première médaille d’or aux 5000 mètres et une médaille d’argent aux 400 et aux 800 mètres. Sa carrière vient de décoller. Et les médailles, il les collecte au fil des compétitions. Oumar est insaisissable sur les pistes. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.

Ses challenges internationaux

En 1996, Koné Oumar s’envole pour les Etats-Unis, à Atlanta, où il participe à sa première compétition mondiale. Il surprend le monde, en décrochant deux médailles d’or aux 800 mètres et aux 400 mètres. Histoire de dire au monde que les records réalisés en terre africaine n’étaient pas fortuits. « C’est un message que je voulais lancer à l’ensemble de mes frères et sœurs handicapés. On peut être atteint d’un handicap et réaliser ses rêves », relate le champion. Au fil des années, le sportif semble ne plus s’arrêter. Il gravit des échelons, en s’offrant à nouveau une médaille d’or, aux Championnats du monde des   paralympiques en Angleterre, avec un record aux 400, aux 800 mètres et aux 1500 mètres. En 2000, il arrache encore à Sydney, principale ville australienne, la médaille d’or, aux 800 mètres et il remporte le titre de meilleur athlète de la compétition.

Au championnat d’Afrique d’athlétisme, en Tunisie en 1997, Koné Oumar remet le couvert et ne laisse aucune chance à ses adversaires. Il rafle les quatre médailles d’or, aux 200 mètres, 400 mètres, 800 mètres et 1500 mètres, réalisant ainsi, un exploit unique en son genre. Le monde entier a désormais les regards sur l’athlète ivoirien irrésistiblement attiré par le sommet. « Quand je suis sur la piste, j’ai la rage de vaincre, d’être parmi les meilleurs. Je ne sais pas trop pourquoi, mais le sort a toujours voulu que je vise le sommet », explique ce winner qui est devenu un collectionneur de médailles.

Sa mère, son soutien

Si Oumar a pu atteindre ces sommets, malgré son handicap, c’est surtout grâce au soutien constant de sa mère. Il ne le cache pas. « Ma mère m’a beaucoup encouragé, pendant mes débuts. Je voudrais lui dire merci, mille fois merci. Elle a mis quelque chose en moi, malgré mon handicap », s’épanche-t-il. Invincible sur les pistes, le sportif reste l’athlète le plus décoré de la Côte d’Ivoire, d’Afrique et même de la planète. Autant de gloire, d’or, de bronze et d’argent pour malheureusement peu d’aisance financière. « J’ai reçu beaucoup de médailles d’or, mais je n’ai pas reçu de l’or », se désole l’athlète qui vit dans une modeste pièce, dans une cour commune à Treichville, au sud d’Abidjan. « C’est déjà difficile, dans nos sociétés, qu’un handicapé s’illustre comme je le fais. Mais quand on y arrive, on a besoin d’être soutenu au plan matériel afin que notre exemple inspire les autres », ajoute-t-il. 

Aujourd’hui à la retraite, Koné Oumar qui vivait avec sa modeste pension d’ancienne gloire du sport ivoirien, bénéficie du soutien de l’Etat. « C’est avec les larmes aux yeux que j’ai appris que j’étais retenu parmi les anciennes gloires pour percevoir la pension mensuelle de 300 mille FCFA que le président de République a bien voulu mettre à notre disposition. C’est un geste inestimable pour quelqu’un comme moi, qui n’avait rien du tout, et qui vivait de la générosité de ses connaissances. J’aurai pu mourir sans que cela ne dise rien à personne. Pour ce geste, je dis merci au Président Alassane Ouattara », s’émeut-il.

Célibataire et père d’un enfant, l’homme aux 83 médailles est coach à la Fédération Nationale d’Athlétisme de Côte d’Ivoire. Après avoir écumé les pistes du monde entier, il transmet son savoir-faire et forme des cadets, des juniors et des seniors, au stade Robert Champroux de Marcory.

 KONE Marus

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