Les productions d’or, de manganèse et de nickel sont en forte croissance, avec plus de trois millions de tonnes produites en 2023, selon la Direction générale des Mines et de la Géologie. Ces trois ressources ont généré, cette année-là, plus de 1600 milliards de francs CFA.
L’or, le manganèse et le nickel appartiennent au secteur minier structuré et organisé autour du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, qui a mis en place un code minier révisé pour favoriser l’investissement et la transparence. Ce Code prescrit les exigences auxquelles les entreprises du secteur sont soumises pour l’obtention des titres miniers. Selon la Direction des Mines et de la Géologie, ce sont des autorisations de prospection, des permis de recherche pour les sociétés disposant de moyens pour effectuer des explorations systématiques, des permis d’exploitation et des autorisations d’exploitation semi-industrielle et artisanale qui sont délivrés aux entités morales, pour exercer dans ce secteur. Entité publique, la Société de Développement Minier (SODEMI) centralise les missions d’évaluation des ressources, d’attribution des permis, et d’accompagnement des projets miniers.
D’après le Groupement Professionnel des Miniers de Côte d’Ivoire qui compte cent-sept membres, à la date du 31 décembre 2024, quatorze permis d’exploitation dans le domaine de l’extraction de l’or, quatre dans la production du manganèse et un permis d’exploitation dans celle du nickel ont été octroyés. En ce qui concerne les permis de recherche couvrant les minerais d’or, manganèse, nickel, ce sont près de 158 permis de recherche qui ont été délivrés à diverses entreprises nationales et internationales. Dans ce trio de minerais, l’or est de loin la ressource minière qui a la plus forte croissance.
L’or en forte progression
L’or a vu sa production annuelle multipliée par plus de quatre, atteignant plus de 59 tonnes d’or en 2024, contre 13 tonnes une décennie plus tôt, avec un chiffre d’affaires de plus de 1500 milliards de FCFA, selon le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Classée 8e producteur d’or en Afrique et 22e au niveau mondial en 2023, la Côte d’Ivoire vise les 62 tonnes en 2025.

Cette dynamique s’illustre par des découvertes de nouveaux gisements miniers de classe mondiale. Parmi les plus connues, il y a l’entrée en production de plusieurs mines d’or industrielles, notamment celle de Yaouré, opérée par l’Australien Perseus Mining, celle de Séguéla mise en valeur par le Canadien Roxgold Sango, celle de La Lobo exploitée par le groupe chinois Zhaojin ou encore celle de Lafigué inaugurée en octobre 2024 par le Canadien Endeavour Mining, premier producteur d’or en Afrique de l’Ouest, qui produira entre 180 000 et 210 000 onces, soit entre 5 et 6 tonnes cette année 2025. Selon les autorités ivoiriennes, les réserves d’or dont dispose la Côte d’Ivoire atteignent 600 tonnes. C’est ce qui fait dire à Jean-Claude Diplo, ancien président de la Chambre des mines, que la Côte d’Ivoire pourrait rivaliser avec le Ghana d’ici 2030.
L’exploitation aurifère pour le développement local
Le Code minier révisé prévoit des mécanismes de participation locale : les entreprises doivent mettre en œuvre un plan de développement communautaire financé annuellement par la mine, via les Comités de Développement Local (CDLM). Depuis fin 2024, le taux de redevance sur l’or a été revalorisé via la loi de finances 2025, dans un contexte de renforcement de la transparence via ITIE (Initiative pour la Transparence des Industries Extractives). Un fonds local de développement minier (0,5 % du chiffre d’affaires des compagnies) finance des projets municipaux dans neuf régions minières.
Rappelons que la production d’or est majoritairement exportée à l’état brut, sans transformation locale significative. Par ailleurs, pour ouvrir un bureau d’achat et de vente d’or brut, une demande est à déposer auprès de la Direction générale des mines et de la géologie (DGMG), avec un agrément payant de 3 millions de francs, valable pour 3 ans. Au moment où nous bouclions cet article, le dimanche 10 août 2025, le cours de l’once d’or était fixé à 1 899 140 F CFA et 61 058 769 F CFA le kilo, selon le site https://www.or.fr/ qui affiche en continu et en temps réel les données sur cette ressource. Comme l’or, le manganèse offre des perspectives encourageantes.
La remontée du manganèse
En 2020, la production nationale de manganèse s’élevait à 1 325 525 tonnes, soit une hausse de 12,16 % par rapport à 2019. Cependant, cette production a chuté à 800 000 tonnes en 2022, selon les experts, en raison de la baisse de la demande mondiale. Le manganèse, bien qu’ayant repris une légère croissance en 2023 avec 900 000 tonnes, devrait continuer sa progression, selon les autorités en 2024-2025, avec la réactivation de la mine d’Odienné. Dans ce secteur, à en croire la Direction Générale du Pétrole et de l’Énergie, plusieurs entreprises, privées et publiques, opèrent dans l’exploitation du manganèse, avec une présence notable de l’État. Ivoire Manganèse Mines SA (IMMSA), filiale du groupe indien Taurian Manganèse, exploite des gisements dans la région de Kaniasso. Quant à l’entreprise Shiloh Manganèse SA (SMSA) appartenant au groupe Orison Minerals & Resources Ltd, elle exploite des gisements situés autour de Korhogo et Dikodougou. Cette entreprise a un capital de 0,6 milliard FCFA pour un chiffre d’affaires de 20,1 milliards FCFA en 2021.
En 2023, la Côte d’Ivoire a exporté des minerais et concentrés de manganèse pour une valeur d’environ 69,98 millions de dollars, soit près de 42 milliards de francs CFA.
Le nickel et sa remarquable croissance
Le nickel connaît une croissance remarquable, avec une production qui a presque triplé entre 2019 (660 144 tonnes) et 2021 (1 764 150 tonnes). En 2022, elle atteint 1 850 000 tonnes. D’après la Direction Générale des Mines et de la Géologie (DGMG), via le portail officiel du gouvernement, la production de nickel a bondi de 379 800 tonnes en 2017 à 2 840 548 tonnes en 2023 avec un revenu d’environ 92 milliards de francs CFA pour le secteur. Le nickel, composant précieux dans la fabrication des batteries de véhicules électriques, est actuellement très demandé, selon les spécialistes du secteur. Dans ce secteur, la Compagnie Minière du Bafing (CMB) est le principal acteur. Elle exploite plusieurs gisements à ciel ouvert, notamment de Foungbesso et de Moyango à Touba. Ces sites font partie des plus riches latéritiques au monde. L’État ivoirien détient 10 % du capital de la CMB, tandis que la SODEMI (Société d’État pour le Développement Minier) en détient 5 %. Le potentiel en nickel latéritique dans le pays est estimé à 260 millions de tonnes, principalement situées à Sipilou (Ouest) et Foungbesso.
Il est bon de rappeler que l’Etat détient généralement une participation gratuite (non contributive) autour de 10 % à 15 % dans les sociétés minières ou sur de nouveaux projets. En 2023, les recettes fiscales générées par l’activité minière se sont chiffrées à 372 milliards FCFA, selon le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly.