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jeudi 19 septembre 2024
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Interdiction de fumer / Sachets plastiques : Où est passé l’Etat ?

Plusieurs lois, notamment celle contre l’usage des sachets plastiques et celle interdisant de fumer dans les lieux publics, ne sont toujours pas respectées.

A Abidjan, il est impossible d’arpenter une rue, sans apercevoir des fumeurs. On les retrouve un peu partout. Dans les restaurants, dans les maquis, dans les rues, … « Nous sommes obligés de les subir, de partager les espaces avec eux et de respirer de la fumée contre notre gré », s’en plaint Richard Y, un habitant de Yopougon. Dans cette commune fréquentée le plus souvent pour son nombre important de clients de maquis et de bars, les choses sont plus prononcées. « C’est encore plus compliqué. Quand on dit Yopougon, tout le monde sait plus ou moins que c’est la commune de la joie. Du coup, cette situation se vit au quotidien », atteste Richard. Pourtant, poursuit le jeune homme, « nous avons assisté au tapage médiatique qui a suivi l’annonce de la loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Personne n’en parle maintenant ». Pourtant, le 10 octobre 2012, le gouvernement avait pris un décret portant interdiction de fumer dans les lieux publics. Selon ce décret, les personnes qui ne respectent pas les règles de l’interdiction de fumer dans les lieux publics clos ou ouverts ou dans les transports en commun devront payer « une amende de quinze mille à cent mille FCFA ». Les propriétaires ou les personnes ayant la responsabilité des lieux publics clos ou ouverts, ainsi que les propriétaires ou les personnes ayant la responsabilité des transports en commun, qui n’observent pas les dispositions du décret, devront payer « une amende de cinquante mille à deux cent cinquante mille FCFA ».

Jusqu’à aujourd’hui, l’environnement est encore identique à celui qui existait avant la loi. « Je n’ai pas encore vu quelqu’un payer l’amende dont on parle. Les fumeurs sont toujours présents dans les parages », soutient Esther K. qui réside à Abobo.

En juillet 2022, la police a mené quelques opérations dans différentes communes de la ville d’Abidjan, contre la prolifération des espaces de chichas, en vue de faire respecter le décret. Résultat : plusieurs consommateurs de chicha ont été interpellés, des chichas saisies. Selon le Coordonateur du projet d’appui à la vulgarisation de la loi anti-tabac en Côte d’Ivoire, Tall Lacina, qui l’a fait observer en février 2022, « l’inexistence du suivi de l’application du décret d’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun est réelle. Aussi propose-t-il de « prendre un arrêté municipal pour rendre effectives les mesures d’interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun, en particulier les appositions de signalétiques, faciliter les séances de sensibilisation, mobiliser les services compétents des mairies en la matière sous son autorité, en vue d’organiser les missions de patrouilles de suivi et de contrôle de l’application ».

Les lois foulées au pied

Comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la production, l’importation, la commercialisation, la détention et l’usage du plastique en Côte d’Ivoire est aussi interdite par le décret n°2013-327 du 22 mai 2013. Ce décret pris dans l’intérêt des ivoiriens a pour objectif de régler les problèmes d’insalubrité liés à la santé.

« Nous réaffirmons la volonté du gouvernement de faire en sorte que la nuisance dans l’application de ce décret soient modérées. Ce décret est une nécessité et il sera appliqué dans tous ces aspects », avait déclaré le ministre de l’Environnement, de la Salubrité urbaine et du Développement durable de l’époque, Allah Kouadio Remi.

Constat sur le terrain – que ce soit au marché, en ville, dans les gares – les sachets plastiques sont encore présents à l’exception des supermarchés, les boulangeries et les pharmacies. « Ces sachets jusqu’à aujourd’hui sont sur le marché parce qu’il n’y a pas d’alternative. Il n’y a toujours pas quelque chose d’assez pratique. On ne peut pas utiliser les papiers pour toutes les marchandises », indique Germaine A. commerçante. Conscient de ce fait, le ministre de l’Hydraulique, de l’Assainissement et de la Salubrité, Bouaké Fofana, dans une déclaration du gouvernement, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale sans sachets plastiques, le 3 juillet 2022 a rappelé les inconvénients de la pollution plastique sur l’environnement. « Si nous maintenons le rythme effréné de production et de rejet des déchets plastiques que nous produisons, il y aura plus de plastique que de poissons à l’horizon 2050 et environ 99% des oiseaux marins auront ingéré du plastique », a-t-il prévenu.

Selon les statistiques officielles, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans, ravageant les espèces sauvages marines, les pêcheries et le tourisme. Dans les océans, près de 80% des déchets sont d’origine plastique.

En Côte d’Ivoire, ce sont un peu plus de 200 000 tonnes, soit environ 15 milliards de sachets plastiques qui sont produits chaque jour. La grande majorité de ces sachets plastiques sont abandonnés çà et là dans la nature. Ils contribuent à l’obstruction des ouvrages d’assainissement et aux inondations avec pour conséquences de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels.

Depuis 2014, la Brigade de la Salubrité urbaine mène des opérations de répression dans les différentes communes, notamment à Cocody, Adjamé, Plateau, Koumassi, Treichville et Port-Bouët…

Ces actions qui se poursuivent de façon discrète permettent de démanteler d’importants réseaux de production en masse d’eau en sachet plastique et de saisir plusieurs marchandises.

Marina KOUAKOU

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