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jeudi 19 septembre 2024
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Hépatites  en Côte d’Ivoire: 3,6 millions de cas, 220 mille décès par an

Les virus des hépatites B et C affectent plus de 3,6 millions d’Ivoiriens avec une prévalence de 12% sur l’ensemble de la population. Malheureusement, moins de 15 % des personnes contaminées savent qu’elles sont porteuses de la maladie. Cette ignorance augmente ainsi les risques de propagation d’une maladie, cause de plus de 200 000 décès annuellement. 

Plus de 3,6 millions d’Ivoiriens sont atteints d’hépatite B ou C, a révélé Pr Yao Bathaix, président du Réseau Ivoirien de Lutte contre les Hépatites Virales (RILHVi), lors d’une conférence de presse tenue, le lundi 29 juillet 2024, à Abidjan. Parmi ces millions de porteurs de la maladie, « moins de 15% de cette population sait qu’elle est malade », alerte le Pr Emile Allah Kouadio, Directeur coordonnateur du Programme National de Lutte contre les Hépatites Virales de Côte d’Ivoire (PNLHV-CI), le 28 juillet 2024, sur les antennes de la RTI.Les modes de transmission des virus de l’hépatite B (VHB) et C (VHC) -encore appelée « maladie de l’ignorance », sont essentiellement les transfusions sanguines, les rapports sexuels non-protégés et les actes médicaux non sécurisés. On trouve ces virus particulièrement dans tous les liquides et sécrétions biologiques: le sang contaminé, la salive mais aussi les seringues, les aiguilles ou les objets tranchants qui servent à couper. « L’hépatite virale est considérée comme une maladie infectieuse extrêmement contagieuse, car 50 à 100 fois plus infectieuse que le SIDA », a insisté Pr Yao Bathaix du RILHVi.

220.000 décès de l’hépatite B et C par an

L’hépatite B est une infection virale qui s’attaque au foie et qui se manifeste par une affection de forme aiguë ou de forme chronique. L’hépatite virale se manifeste par des signes comme l’asthénie physique, c’est-à-dire une fatigue prolongée, la fièvre et des courbatures, la jaunisse (yeux jaunes), des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, etc. 

Selon le Pr Yao du RILHVi, l’hépatite B et C entraînent près de 220.000 décès par an en Côte d’Ivoire. Il ajoute qu’elles sont la cause principale de la cirrhose et du cancer du foie chez les personnes contaminées.

 La plupart des individus nouvellement infectés ne manifestent aucun symptôme, selon le Pr Yao qui précise cependant que le virus de l’hépatite B peut survivre à l’extérieur du corps, pendant 7 jours au moins. Durant ce temps, il peut encore pénétrer et provoquer une infection dans l’organisme d’une personne non vaccinée. Sa période d’incubation varie de 30 à 180 jours et le virus est détectable durant 30 à 60 jours après l’infection. 

L’infection par l’hépatite B et le VIH-Sida

On apprend sur le site internet de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qu’environ 1 % des personnes vivant avec le VHB, soit 2,7 millions, sont aussi infectées par le VIH-Sida. Tandis que la prévalence mondiale de l’infection par le VHB des personnes atteintes du VIH-Sida est de 7,4 %. Depuis 2015, l’OMS a recommandé le traitement systématique de l’hépatite chez tout sujet diagnostiqué positif au VIH.

Les catégories de personnes vulnérables à la maladie

L’ampleur du virus de l’hépatite C est estimée entre 3% et 5% et celle de l’hépatite B entre 14% et 15 %, au sein de la population ivoirienne. Les jeunes de la tranche 12 – 34 ans sont majoritairement affectés par l’hépatite B. Les adolescents seraient particulièrement victimes de la maladie à cause des nombreux comportements à risques comme la sexualité sans préservatifs et des pratiques de mode telles que le piercing, le tatouage ou la scarification. De même, le personnel médical est très exposé à la pathologie. De nombreux cas de cirrhoses et de cancers primitifs du foie en milieu hospitalier en Côte d’Ivoire sont liés aux hépatites. A cela s’ajoute la transmission mère-enfant du virus, lors de l’accouchement.


Pr Emile Allah Kouadio Coordonnateur du Programme National de Lutte contre les Hépatites Virales de Côte d’Ivoire
 (PNLHV-CI)/ Photo-DR

La guérison de l’hépatite est possible

Bien qu’étant une « tueuse silencieuse », l’hépatite peut être soignée. Selon Pr Yao Bathaix, la forme non aggravée du VHC se guérit de manière définitive, lorsque le patient observe bien son traitement sur trois mois et la guérison définitive intervient six mois après. 

Concernant le VHB, il explique que la forme non aggravée est traitée sur au moins un an. Toutefois, d’après le médecin, lorsque le virus disparaît dans le sang après le traitement, il va se réfugier dans le foie du malade. 

D’où sonconseil qui incite tout porteur à garder une bonne hygiène de vie et une saine alimentation pour éviter le retour du virus. 

Aucun traitement spécifique n’existe contre l’hépatite B de forme aiguë, déclare l’OMS. Seule la forme chronique peut être traitée par des médicaments comme le ténofovir ou l’entécavir capables de ralentir la progression de la cirrhose, réduire l’incidence du cancer du foie et améliorer la survie du malade. L’Organisation Mondiale de la Santé soutient que le vaccin protège contre l’hépatite B pendant au moins vingt ans, et peut-être même toute la vie.

Vaccination et dépistage, meilleurs moyens de prévention

Le gouvernement de Côte d’Ivoire a instauré gratuitement, depuis 2019, le vaccin obligatoire contre l’hépatite B dès la naissance, dans le cadre du Programme Élargi de Vaccination (PEV). Ledit vaccin s’administre de préférence 24 heures après la naissance du bébé jusqu’à 11 mois. Par ailleurs, les parents contrevenants écopent d’une sanction pécuniaire allant de 50 000 à 300 000 F CFA. Mais l’État ivoirien n’a pas encore rendu gratuit le vaccin et le test de dépistage qui sont à la charge des populations. Il fautdébourser 21 000 F CFA pour se faire dépister.

Pour le ProfesseurYao du RILHVi, la solution reste la vaccination systématique des populations, tout en recommandant aux gens d’aller individuellement se faire dépister et se vacciner. Afin de rompre la chaîne de transmission de la maladie et éviter les complications, étant donné qu’elle est généralement découverte très tardivement. 

Le Programme National de Lutte contre les Hépatites Virales de Côte d’Ivoire et d’autres organisations non gouvernementales misent sur la sensibilisation et l’organisation de nombreuses séances de dépistage gratuits au profit des populations. 

En effet, le meilleur moyen de lutte contre l’hépatite B, selon l’avis de tous les spécialistes de santé, reste la prévention. Il est conseillé d’avoir des comportements qui minimisent les risques sexuels, en utilisant des préservatifs et évitant les partenaires multiples, d’éviter l’utilisation commune d’aiguilles ou de seringues. Il faut également se laver soigneusement les mains avec de l’eau et du savon, lors de contact avec du sang et des liquides biologiques ou des surfaces contaminées. Les agents ou travailleurs des centres de santé et de soins plus exposés à la maladie devront se faire vacciner contre l’hépatite B. 

L’Organisation Mondiale de la Santé indique qu’en 2022, à travers le monde, 254 millions de personnes étaient infectées de l’hépatite B chronique et 1,1 million en sont mortes, à cause d’une cirrhose ou d’un cancer du foie. De même, 1,2 million de nouveaux malades sont enregistrés chaque année. Les jeunes de 12 à 34 ans, beaucoup exposés aux pratiques à risques, sont les plus touchés par le virus de l’hépatite.

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