26 C
Abidjan
mercredi 15 octobre 2025
AccueilÉconomieÉnergie solaire en Côte d’Ivoire: Où en est-on ?

Énergie solaire en Côte d’Ivoire: Où en est-on ?

Face à l’urgence climatique et à la nécessité d’élargir l’accès à l’électricité, la Côte d’Ivoire a engagé une transformation progressive de son secteur énergétique.  À l’horizon 2030, le pays vise 42 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique. Au cœur de cette ambition, le solaire occupe une place stratégique, avec une série de projets d’envergure et d’initiatives complémentaires pour structurer un écosystème viable.

Bien que la part actuelle de l’énergie solaire reste modeste dans le mix énergétique national, soit 1,6 % selon le ministère des Mines, du Pétrole  et de l’Énergie, plusieurs chantiers majeurs sont en cours, pour booster la part du solaire. Des programmes d’électrification rurale, de formation professionnelle, d’incitation réglementaire et de suivi technique accompagnent cette dynamique, traduisant une stratégie globale. Le point d’ancrage du programme national est la centrale solaire de Boundiali, d’une capacité de 37,5 MW, inaugurée en avril 2024. Elle a été cofinancée par la Banque de Développement Allemande (KFW) et l’Union Européenne pour plus de 47 milliards de francs CFA. Une extension est en cours sur 42 hectares supplémentaires, financée par un prêt additionnel de plus de 19 milliards Fcfa. 

À l’Est, la ville de Bondoukou accueille une centrale solaire de 50 MW, lancée en février 2025 avec l’appui d’AMEA Power. Cette infrastructure couvre 82 hectares et devrait fournir de l’électricité à environ 400 000 personnes. À Ferkessédougou, le projet Ferké Solar, entièrement financé par PFO Energies, prévoit 52,42 MW pour un coût de 41 milliards FCFA.

À Soubré, une centrale de 25 MW est prévue dans le cadre du programme PARIS, soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD) et l’Union Européenne. Le budget global de ce projet est estimé à plus de 70 milliards de FCFA, incluant des infrastructures intelligentes et un accompagnement social pour les populations.

D’ici 2030, le pays prévoit d’implanter douze centrales supplémentaires réparties dans les localités de Korhogo, M’Bengué, Katiola, Tengrela, Kong, Sérébou, Touba, Odienné et Mankono. Ces projets visent une capacité cumulée de 678 MW, extensible à 1 686 MW d’ici 2040.

Le développement du solaire ne se limite pas aux centrales. Le gouvernement a lancé le programme ECLER Ivoire, cofinancé par l’Union Européenne et Expertise France, pour l’électrification rurale. Il cible 100 localités non raccordées, avec des systèmes solaires de 15 à 35 KW, pour un budget estimé à plus de 55 milliards FCFA. « Le gouvernement veut faire du solaire un pilier de sa stratégie d’indépendance énergétique, sans marginaliser les zones rurales », a déclaré le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie Mamadou Sangafowa Coulibaly, à l’occasion du lancement du projet en mars 2024. Des mini-réseaux hybrides, associant solaire et stockage, sont également en cours d’expérimentation pour répondre aux besoins spécifiques des zones enclavées.

Former une expertise locale

« L’enjeu n’est pas seulement de produire, mais de faire du solaire une solution accessible, durable et créatrice de valeur », a fait savoir le ministre Sangafowa Coulibaly, lors du 27e Forum africain de l’énergie, qui s’est tenu, du 17 au 20 juin 2025, à Cape Town (Le Cap), en Afrique du Sud. C’est dans cette logique que, depuis janvier 2025, cinq lycées professionnels à Daoukro, Man, Gagnoa, Bouaké et Abengourou proposent des cursus en énergie solaire, formant des techniciens spécialisés dans l’installation et la maintenance des équipements photovoltaïques. En parallèle, le programme ProFERE, soutenu par la GIZ, encadre des certifications techniques pour adultes, contribuant ainsi à la professionnalisation du secteur. Cette approche vise à réduire la dépendance à l’expertise étrangère, à sécuriser les installations et à créer des opportunités d’emploi durable dans un secteur en croissance.

Si la part du solaire demeure encore faible dans le bouquet énergétique ivoirien, la trajectoire actuelle, soutenue par une volonté politique affirmée, des financements multilatéraux et un appui croissant aux capacités locales, montre une dynamique de transformation en cours. La question reste désormais celle du rythme et de la durabilité de cette transition.

Hervée Mona

Articles Similaires
spot_img

Articles Populaires

commentaires recents