Cinq ans après la mort de plus d’un millier de Sierra-Léonais dans les boues du mont Sugar Loaf, beaucoup s’alarment car les conditions d’un nouveau désastre restent réunies sur Freetown, la capitale.
Quelques dizaines de personnes se sont réunies ce mercredi 17 août 2022 au pied du piton battu par une pluie torrentielle pour prier à la mémoire des 1.141 personnes mortes et disparues, dans le drame du 14 août 2017. Ce jour-là, un pan du Sugar Loaf, dans la banlieue de la capitale, Freetown, s’est détaché après des jours de précipitations intenses en pleine saison tropicale humide. Des flots boueux et d’énormes blocs de pierre ont dévalé la pente, emportant les habitations du quartier de Regent. « La poursuite de la déforestation pour le charbon de bois et la construction de maisons sur les pentes seront probablement les causes principales du prochain désastre si on ne prend pas d’urgence des mesures », prévient Anthony Toban Davies, chef de l’entreprise de gestion environnementale Ecosys Sierra Leone Limited.
« Ma famille et moi vivions plus heureux avant le glissement de terrain. Aujourd’hui, tout n’est que malheur et souffrance », soupire Almamy Bubu Conteh, un survivant au drame de 2017. Bien que l’essentiel des débris ait été dégagé, une traînée d’argile rouge cicatrise toujours la pente du Sugar Loaf, semblable à un cône sous laquelle le sucre a longtemps été produit. « Regarder la colline, ça me rappelle à chaque fois la catastrophe et ça me rend triste », confiait à la presse avant la commémoration Kamara Kariffa Hassan, un agent municipal qui a perdu 25 membres de sa famille.
Pas d’issues favorables pour les victimes
Les mêmes causes pourraient cependant à nouveau produire les mêmes effets, s’inquiètent des spécialistes et des rescapés. Les déplacés sont rapidement revenus sur les lieux, n’ayant nulle part où aller. Une agence de gestion des catastrophes a été créée en 2020. Elle coopère avec les Nations unies pour déterminer si la zone du désastre de 2017 est une zone habitable. Les autorités ont fait replanter 2.200 manguiers, bananiers et avocatiers à flanc de Sugar Loaf. Elles répriment les constructions illégales. Le gouvernement a attribué en 2018 aux survivants un certain nombre de logements financés par des philanthropes. Mais une fraction seulement des quelque 3.500 survivants a bénéficié de ces logements. Almamy Bubu Conteh, qui s’est retrouvé sans toit avec les 12 membres de sa famille, ne figurait pas parmi les bénéficiaires. Se relogeant çà et là, il a fini par revenir vivre dans la zone sinistrée. « Les survivants du glissement de terrain ont toujours besoin d’aide. Ne nous oubliez pas », implore-t-il. La Sierra Leone est régulièrement affectée par des phénomènes d’inondations et de glissements de terrain qui ont frappé des centaines de milliers de personnes et provoqué des dégâts économiques sévères ces vingt dernières années, selon un bilan de la Banque mondiale.
Fanta FOFANA
