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mardi 7 octobre 2025
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Bâtiments et travaux publics en Côte d’Ivoire : Le poids des entreprises locales

Selon le site français teamfrance-export.fr, le secteur du BTP en Côte d’Ivoire est passé de 405 milliards en 2012 à plus de 1 500 milliards de F CFA en 2022. Un bond qualitatif en une décennie qui dénote la vitalité de ce secteur dans lequel les entreprises à capitaux ivoiriens tiennent la dragée haute aux entreprises étrangères.

4 000 entreprises avec un chiffre d’affaires de 2 200 milliards de francs CFA

C’est ce que revendique le Groupement ivoirien des bâtiments travaux publics (Gibtp) composé majoritairement d’entreprises à capitaux ivoiriens. Un chiffre d’affaires représentant 7,4 % du PIB pour plus de 20,2 % de taux de croissance en 2023. Ce qui fait de ce secteur, un pilier de l’économie ivoirienne. Un rapport intitulé « Dynamiques du secteur du BTP en Côte d’Ivoire », commandé par la seule organisation professionnelle privée du secteur BTP en Côte d’Ivoire et publié en 2020, révèle que la commande publique BTP représente aujourd’hui plus de 2 500 milliards FCFA/an.

Des investissements désormais portés par le privé

Selon cette enquête diligentée par le groupement ivoirien des entreprises du BTP, ce secteur qui a été longtemps soutenu par des investissements publics est maintenant surpassé par l’investissement privé. Le rapport note que cela a été possible par l’introduction des contrats de type partenariat public-privé (PPP) dès 2012. Ce qui a permis aux entreprises implantées en Côte d’Ivoire d’avoir accès aux marchés publics.

De 14 % dans le cadre du Plan national de développement (PND) 2012-2015, la commande privée s’est établie sur la période du PND 2016-2020 à 56 % (la commande publique étant passée logiquement de 86 % à 44 %). Pour près des trois quarts des entreprises interrogées au cours de cette enquête, l’État se positionne toutefois comme le premier client.

Cette ouverture des marchés a aussi permis à certaines entreprises ivoiriennes d’être plus compétitives, dans la mesure où huit entreprises locales du BTP figurent dans le top 20 des meilleures du secteur du BTP en Côte d’Ivoire. Il s’agit des entreprises PFO, Porteo, SIGTA, ICR, CCIP, Quipux, OAZIS, LGU qui couvrent un large spectre de réalisations de routes, d’ouvrages d’art, de bâtiments publics et privés, ainsi que de projets architecturaux primés. Du parc d’exposition de Port-Bouët en passant par la Tour F au Plateau, la réalisation de plus de 2000 km de routes en Côte d’Ivoire jusqu’au siège d’Orange Côte d’Ivoire à la Riviera Golf inspiré de la forme d’une balle de golf, tous ces joyaux architecturaux ont été réalisés par des entreprises locales du BTP.

Une concurrence rude entre acteurs ivoiriens et étrangers

Le même rapport cité plus haut note que si les entreprises étrangères du secteur du BTP comme Bouygues et ses filiales Colas et Setao, ou encore Franzetti et Razel étaient, il y a quelques années, incontournables, elles sont bousculées en termes de marchés de bâtiments et de travaux publics par des champions locaux comme PFO Africa, premier acteur du secteur, PorteO, NSE-CI, La route africaine (LRA), la Société ivoirienne de construction et de travaux publics (SICTP), des PME comme Kone BTP, Batim-CI, ou le groupe SOGEA-CI.

Force est de constater une intensité concurrentielle croissante avec l’entrée sur le marché d’acteurs importants des pays du Golfe, d’Europe, du Maghreb, de la Turquie, du Liban et de la Chine… Selon les données de Fitch Solutions / BMI, entreprise anglaise d’analyse macro-économique qui fournit des données stratégiques aux investisseurs, sur uniquement les grands projets, les entreprises locales détiennent 41 % des rôles tandis que les firmes étrangères se partagent 59 %. La structure du marché et le jeu des acteurs sont donc en constante évolution.

Entre 2015 et 2020, 3 053 entreprises de BTP ont été créées, selon ce rapport du Gibtp. Dans ce secteur du BTP à la fois compétitif et fortement concurrentiel, les conditions d’accès aux marchés publics sont, semble-t-il, plus favorables aux grandes entreprises, qui disposent de cadres techniques et d’équipements spécifiés dans les critères de préqualification, et qui disposent également du capital nécessaire, ou bien ont accès au crédit bancaire, pour le cautionnement des marchés.

« Même si l’on constate un nombre important d’intervenants dans le secteur, la plupart n’ont pas encore l’expérience et les compétences nécessaires pour se voir confier de grands chantiers », note le rapport.

Les défis des entreprises locales du BTP

Si les champions locaux s’illustrent de fort belle manière sur le marché, l’enquête qu’a fait réaliser le Gibtp relève le manque d’expérience de certains ingénieurs sortis des écoles ivoiriennes. Dans le secteur du BTP, le savoir-faire ivoirien connaît en conséquence des limites.

« Avec la demande croissante du secteur, l’offre actuelle est loin d’être satisfaisante, les risques de pénurie de compétences et de mains d’œuvre qualifiées sont très probants et imminents ». 86 % des effectifs sont des nationaux et seulement 24 % du personnel ivoirien intervient dans les fonctions d’encadrement ; ce qui est une illustration de la dépendance au savoir-faire étranger.

Pour 32 % des acteurs interrogés au cours de cette enquête, la principale contrainte demeure le manque de financements, et ce qui en découle : difficulté à honorer les factures, manque de capacités financières pour exécuter le projet, réticence des établissements financiers. Cela entraîne « le retard dans l’exécution des projets, la baisse du chiffre d’affaires et de la rentabilité, et menace la survie des entreprises, chose beaucoup plus ressentie par les PME », indique le rapport.

D’autres facteurs exogènes à surmonter

Selon un article publié sur le site www.onpointafrica.com du cabinet de conseil OnPoint Africa Group spécialisé dans les secteurs-clés des économies de la sous-région, ce secteur doit faire face à l’importance grandissante des économies d’énergie et aux contraintes environnementales dans la construction des bâtiments (green building). Il est aussi confronté au resserrement du marché qui rallonge les délais de paiement et ralentit la croissance d’investissements.

Cela étant dû au défi de financement du budget de l’État dans un contexte global de crise russo-ukrainienne, et à l’augmentation des taux et à la poursuite de la mise en place de la régulation bâloise dans le secteur bancaire qui impactera la disponibilité et les conditions du crédit pour les PME.

Cet environnement contraint les PME et grandes entreprises du secteur à repenser entièrement leurs systèmes de gestion. À cet effet, ce groupe d’experts propose aux entreprises de BTP de mettre à niveau leur modèle opérationnel avec un focus sur l’efficacité de leurs processus opérationnels, non sans mettre le digital au centre de leur transformation opérationnelle en investissant dans des systèmes de gestion intégrés (SGI/ERP).

Ces spécialistes en économies recommandent aussi aux entreprises locales du BTP d’investir davantage dans leur capital humain et de refonder leurs relations bancaires, et de mieux étudier les outils de financement mis à leur disposition par les institutions financières.

Pour terminer, ces anciens directeurs chez BCG et McKinsey, issus de la diaspora africaine, proposent aux entreprises du BTP d’intégrer la veille et l’intelligence de marché dans leurs processus décisionnels, ainsi que dans leurs démarches commerciales afin de tirer parti des opportunités de marché.

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