Journaliste, écrivaine, Agnès Kraidy personnifie le cancer dans « Tu me fous les boules ! Vaincre le cancer » pour mieux le combattre. L’ouvrage de 116 pages est paru en 2016 chez Frat Mat éditions.
Si l’écrivain français Jules Barbey d’Aurevilly conçoit l’acte d’écriture comme « un apaisement de soi-même », Agnès Kraidy, elle, le perçoit comme témoignage et partage. En choisissant d’écrire sur sa propre expérience du cancer du sein, en publiant « Tu me fous les boules ! », elle a voulu partager son vécu, amener celles qui vivent avec la maladie à ne pas baisser les bras face à ce mal qui…fout littéralement les boules. L’ouvrage, paru en 2016 chez Frat Mat éditions, se lit comme un monologue de l’écrivaine qui personnifie le cancer, lui donne corps pour mieux le combattre. « Tu me fous les boules ! Vraiment ! Parler ainsi ne fait pas distinguée, je le sais, mais point n’est besoin de prendre des gants pour m’adresser à toi. Ne crois surtout pas que je suis en colère. Tu ne mérites pas que quelqu’un laisse monter son adrénaline pour toi. Tu m’enlèves toute envie de te regarder », lit-on à la page 23.
De la découverte de la maladie – suite à un examen au scanner, en septembre 2014 – au voyage en France pour engager la lutte frontale contre cet ennemi silencieux mais oh combien dévorant, Agnès Kraidy raconte ses peurs et ses espoirs, mais aussi ses attentes. Elle dit surtout avec une conviction inébranlable, sa ferme volonté de refuser de « plier l’échine », sa volonté de ne pas céder. « Ma certitude ? Tu comprendras, à travers ces mots, que ce qui est déshonorant, dans un combat, c’est de ne pas le livrer. Mon combat contre toi, je le livrerai. Et je le gagnerai…Tu as voulu me soumettre. Et moi, j’ai refusé de plier l’échine. Je suis restée debout, droite dans mes bottes. Plus vivante que jamais », écrit-elle, page 57.
Après un séjour de six mois en Hexagone, Agnès Kraidy revient chez elle pour reprendre sa vie, pour continuer plutôt sa vie. Mais plus rien ne sera comme avant. Sa victoire face au cancer, ce « voleur de vies ! », « voleur d’espoirs ! », « voleur d’espérances ! », « voleur de rêves ! », « violeur ! », « violeur de sèves de vie », « violeur de sérénité », elle en parlera pour aiguillonner d’autres femmes sur le chemin de la lutte contre la maladie. « Depuis que j’ai parlé de toi, plus personne ne te craint », écrit-elle, assumant ainsi sa responsabilité dans la démystification du cancer du sein.
Journaliste, écrivaine, Agnès Kraidy est l’auteure de « 19 septembre. Chronique d’une guerre vaincue » et de « Une journaliste et un prêtre en di@logue sur l’Afrique ». Elle reste à ce jour la première et unique femme rédactrice en chef du quotidien gouvernemental Fraternité Matin.
M’Bah A.
