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mercredi 15 octobre 2025
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Agence Emploi Jeunes: Les trajectoires de quatre bénéficiaires

Ehui Jean Delmas, N’Goran Eric, Bakayoko Youssouf et Keita Vazoumana sont quatre entrepreneurs ivoiriens qui, par le caractère innovant de leurs projets, sont aujourd’hui bénéficiaires du financement de l’Agence Emploi Jeunes. Mais, pour y arriver, ils ont, chacun, emprunté des itinéraires où rien n’était gagné d’avance.   

Karité 2.0. C’est le projet qu’Ehui Jean Delmas, ingénieur en sciences informatiques, architecte de solutions agri-tech et fondateur de la start-up Ict4Dev SA, qui a réfléchi à un moyen pour répondre aux besoins des nombreuses femmes productrices de karité. Selon le promoteur, ce projet est une application mise en place pour digitaliser la filière karité et soutenir les femmes afin qu’elles vendent leur produit sur le marché international. 

Mais avant, cette start-up a collecté un flux d’informations, appelées data, auprès des productrices du karité dans les villes de Bouna, Korhogo et Ferké. Il s’agissait de l’identification des parcs à karité et des productrices de karité, de la géolocalisation des zones de transaction et de transformation… Une fois le projet structuré, l’entreprise s’est tournée vers l’Agence Emploi Jeunes. En 2023, au regard de son caractère innovant et structurant, le projet Karité 2.0 a bénéficié du financement de l’Agence Emploi Jeunes à hauteur de 28 millions de francs CFA. Une année après avoir reçu le financement, « nous avons réalisé un chiffre d’affaires de plus de 100 millions de francs CFA avec un bénéfice annuel estimé entre 15 et 20 millions », a confié le fondateur de Ict4Dev SA à Le Tamtam Parleur. 

Aujourd’hui, Selon le fondateur, depuis les villes de Bouna, Korhogo et Ferké, les productrices vendent leurs produits sur les marchés internationaux comme en Chine, en France, au Maroc, via cette application. Si l’expérience professionnelle d’Ehui Delmas semble lui avoir ouvert les portes du monde de l’entrepreneuriat, N’Goran Eric, gérant d’imprimerie, a dû passer par la rigueur de l’aventure.

N’Goran Eric, l’informaticien passionné d’imprimerie

Le saut qu’il a amorcé de l’électronique à l’imprimerie l’a obligé à se heurter à la rigueur de l’aventure en Guinée-Conakry. Cette aventure professionnelle qui n’a duré que six mois a fini par convaincre N’Goran Eric qu’il était capable de travailler à son propre compte. Revenu en Côte d’Ivoire, il crée son entreprise d’imprimerie. Un autre secteur qu’il a appris à aimer. Mais l’enthousiasme qui l’animait a été refroidi par la Covid-19. “J’ai failli jeter l’éponge ”, avoue-t-il, avant d’admettre que sa rencontre avec un ami qui lui a vendu une imprimante à crédit a été le déclic. Cinq années après sa création, l’entreprise de N’Goran Eric dispose de trois machines d’impression de dernière génération pour des chiffres d’affaires de 25 millions de francs CFA. En guise de cerise sur le gâteau, le financement de près de 10 millions -accordé par l’Agence du ministère de la jeunesse en charge de l’emploi des jeunes- est accueilli avec satisfaction. Cet accompagnement, nous a-t-il déclaré, lui permettra d’acquérir une nouvelle machine afin d’améliorer ses services. Si aujourd’hui N’Goran s’exprime avec beaucoup plus de sérénité, les doutes qu’il a connus ont aussi traversé Bakayoko Youssouf, directeur général de l’entreprise Lomeko.   

Bakayoko Youssouf, l’initiateur du live streaming en Côte d’Ivoire

La première entreprise spécialisée dans l’évènementiel qu’il a créée a été stoppée nette par la crise postélectorale de 2011. Bouleversé par des événements auxquels il ne s’attendait guère, Bakayoko Youssouf a quitté la Côte d’Ivoire pour la Tunisie. “J’ai vendu ma voiture pour y aller”, confie-t-il. Après avoir obtenu le bac et le BTS à Abidjan, Youssouf s’est offert une licence en administration des affaires, option management des ressources humaines, management des activités, en Tunisie.  


Bakayoko Youssouf, spécialiste du streaming en Côte d’Ivoire.

Ce diplôme en poche, il était partagé entre continuer ses études en France, au Canada ou aux États-Unis et rentrer dans son pays. Et là, un discours du président de la République de Côte d’Ivoire, qui demandait aux fils du pays diplômés de regagner leur terre natale pour travailler, va influencer son choix. En 2015, de retour au pays, Bakayoko lance successivement deux solutions innovantes qui n’ont pas été à la hauteur de ses attentes. Mais il ne se résigne pas. En 2020, inspiré par le télétravail imposé par la Covid-19, le chef d’entreprise crée une autre application, le live stream. Un outil qui met en visioconférence tous les collaborateurs d’une même entreprise, qui exercent à travers le monde.

Au regard de son expertise avérée, l’entreprise que dirige Bakayoko Youssouf est sélectionnée par l’Agence pour un financement de 20 millions de francs CFA. Aujourd’hui, les chiffres d’affaires de cette entreprise varient entre 22 et 25 millions, selon le premier responsable de la start-up, dont l’itinéraire est bien différent de celui de Vazoumana Keita, un autre entrepreneur qui ne manque pas d’ambitions.  

L’entreprise Sylla et Frère vise 60 millions de chiffres d’affaires en 2025

Les chiffres d’affaires de son entreprise varient aujourd’hui entre 30 et 40 millions de francs CFA et il vise les 60 millions de francs CFA en fin d’année 2025. On peut le dire sans se tromper, l’étudiant en finance-comptabilité devenu ferrailleur a réussi sa reconversion. Si, dans les débuts, la vente des pièces détaillées n’était pas à la hauteur des attentes, Vazoumana a très vite compris que la patience était un chemin d’or. En effet, au bout de quelques mois, son activité a connu une réelle croissance, avant qu’il ne devienne un fournisseur grossiste. Les moteurs, les essieux, les portières de voiture, les amortisseurs, les radiateurs, sont les pièces détaillées que propose l’entreprise.  Pour un conteneur qui coûte entre 16 et 25 millions, l’entreprise a presque un retour sur investissement de plus de 50 %. Mais le gérant est ambitieux. Il veut maximiser ses revenus. Informé par les médias du financement de jeunes entrepreneurs par cette structure de financement, Vazoumana n’a pas tardé. Il a soumis son dossier. « Après quelques mois, j’ai été contacté par l’Agence. J’ai défendu mon dossier et j’ai reçu le financement de 9,8 millions », indique-t-il.  Pour le gérant de la structure Sylla et Frère, ce financement a été un coup d’accélérateur aux activités de l’entreprise. 

Rappelons que pour financer les projets d’Ehui Jean Delmas, N’Goran Eric, Bakayoko Youssouf et Keita Vazoumana, ce sont 67 millions 8 cent mille francs cfa qui ont été décaissées par le ministère de la Promotion de la jeunesse, de l’insertion professionnelle et du service civique, à travers l’Agence Emploi Jeunes.

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