Le Tchad et le Sénégal ont décidé le 28 novembre 2024 de la fermeture des bases
militaires françaises sur leur sol, comprenant respectivement 1000 et 350 éléments. Ces pays ont justifié leur choix par une ferme volonté d’acquérir plus
de souveraineté. Cependant, les deux pays se sont gardés de toute hostilité à l’encontre de la France, privilégiant les intérêts économiques importants, voire
vitaux qui les lient.
Les échanges commerciaux entre le Sénégal et la France se chiffraient à 1059 millions d’Euros en 2022 (Source Douanes françaises), soit 693.645.000.000 FCFA. Cette année-là, le Sénégal était le 3è client de la France en Afrique sub-saharien, derrière l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire. Les investissements directs français au Sénégal ont atteint 2496 millions d’Euros en 2015 et un peu au-dessus de 2000 millions d’Euros en 2021 (source : Banque de France).
Les échanges commerciaux franco-tchadiens, selon les données de la douane française, atteindraient 131 millions d’Euros en 2015. Tandis que les investissements directs français au Tchad, s’élèvent à 111 millions d’Euros en 2019, selon les données de la banque de France. Au total, une vingtaine d’entreprises françaises exercent au Tchad. En outre, le Tchad est le 23è client et 7è fournisseur de la France dans la région Afrique-Océan indien (Source :Site ambassade de France au Tchad).
Pas de rupture des relations
Diomaye Faye, sur France 2, a interprété sa propre décision comme étant une volonté d’aller vers un « partenariat rénové » avec la France, rejetant l’idée de « rupture » car la France reste un partenaire important du Sénégal au regard du niveau d’investissements. Abderaman Koulamallah, le ministre des Affaires étrangères tchadien rassure également à l’AFP qu’il ne s’agissait pas d’« une rupture avec la France comme le Niger ou ailleurs ». Le chef de la diplomatie tchadienne a même précisé que la France est un « partenaire essentiel ».
La question de la présence des bases militaires étrangères au Sénégal est inscrite dans le programme du Pastef, le parti de Diomaye Faye. Mais elle concerne tous les pays partenaires du Sénégal sans viser exclusivement la France.
Selon l’analyse d’un ancien ministre des Affaires étrangères d’un pays du Sahel, qui s’est confié -sous anonymat- à Le TamTam Parleur, les brusques décisions de fermeture des bases au Sénégal et au Tchad sont liées aux récentes déclarations de M. Jean Marie Bokel, envoyé personnel en Afrique d’Emmanuel Macron. « Nos partenaires africains ne souhaitent pas notre départ », avait soutenu M. Bokel sur RFI le 7 novembre 2024. Notre interlocuteur considère que ces propos ont frustré les autorités africaines concernées.
Par ailleurs, M. Bokel a remis son rapport à Macron le 25 novembre 2024 sur la reconfiguration des dispositifs militaires français en Afrique. Ledit rapport préconise la réduction des effectifs militaires à une centaine d’hommes dans les pays africains.
La France compte désormais 350, 600 et 1500 militaires respectivement au Gabon, en Côte d’ivoire et à Djibouti.