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vendredi 4 octobre 2024
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Fermeture des cliniques illégales: Où en sommes-nous ?

Alors que l’on a identifié plus de 1000 structures sanitaires privées illégales en Côte d’Ivoire, le gouvernement a accru la lutte pour assainir le secteur.
Objectif : zéro clinique privée d’ici à l’année suivante. Enquête.

Les contrôles s’intensifient sur le terrain. Le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique et de la Couverture Maladie Universelle (MSHP-CMU) est vent debout contre les établissements sanitaires privés exerçant en dehors du cadre légal. Sur un total de 377 établissements sanitaires privés contrôlés par la Police sanitaire de 2021 à début mai 2024, 204 exercent au mépris de la légalité. Cela représente plus de 55% des établissements inspectés. 

Dr Mermoz Bozou, Directeur de cette Police, dans un entretien qu’il nous a accordé, révèle la fermeture – par les soins de la structure qu’il dirige- de 65 structures sanitaires privées en 2021, 41 en 2022, 52 en 2023 et 46 de janvier au 10 mai 2024. Ces établissements ont été interdits d’exercer parce qu’ils ne justifient pas de documents requis par la législation en vigueur. 

Du côté de la Direction des établissements privés et des professions sanitaires (Depps) dirigée par docteur Marie Josèphe Bitty, les campagnes de contrôle des établissements exerçant dans l’illégalité se sont accrues également. L’opération « zéro clinique d’ici à 2025 » lancée par le ministère de la Santé, le 5 octobre 2022, en lien avec cette Direction sous sa tutelle, a pris de l’envergure. En mars dernier, la campagne contre les établissements sanitaires privés illégaux dans la région du Cavally, à l’Ouest, a permis d’épingler 123 structures de santé sans aucune existence légale, sur un total de 123 établissements sanitaires controlés, dont 118 cliniques seront fermées. L’opération de lutte contre l’illégalité menée de front par la Depps et la Police sanitaire produit des résultats sur le terrain. En témoigne les arrêtés d’autorisation d’ouverture et d’autorisation d’exploitation que le ministre a délivrés à 500 établissements sanitaires qui se sont mis en règle. De plus, 1500 cartes d’autorisation d’exercice ont été délivrées aux professionnels de la santé. 

Traque aux faux médicaments
Docteur Bozou brandit ses faits d’arme sur le ‘’théâtre d’opérations’’. « En 2023, la Police sanitaire a saisi 5 tonnes de Médicaments de Qualité Inférieure et/ou Falsifiée (MQIF), communément appelés faux médicaments, dans certains établissements sanitaires privés illégaux visités et fermés », se félicite le fonctionnaire. Il faut préciser que la Police sanitaire contrôle la qualité des médicaments, mais aussi la qualification du personnel par rapport à l’activité exercée et la conformité des activités avec le niveau ou la nature de l’établissement visité. Cela permet de savoir si l’établissement contrôlé est une infirmerie ou un cabinet de soins infirmiers, un cabinet de médecine traditionnelle, un cabinet d’optique, un cabinet de kinésithérapie, un cabinet dentaire, une maternité, un laboratoire de biologie, un centre d’imagerie médicale, une clinique ou une polyclinique, etc. 

Plusieurs villes de l’intérieur ont également reçu la visite inopinée de la Police sanitaire :  Adzopé, Akoupé, Agboville, Toumodi, Bonoua, Grand-Lahou, Jacqueville, Dabou, Anyama et Bouaké. 

Objectif: zéro clinique illégale!

Certains propriétaires de cliniques illégales pris sur les faits, révèle encore le directeur de la Police sanitaire, ont été conduits par ses services, devant des tribunaux et condamnés pour exercice illégal de la médecine et mise en danger d’autrui. C’est le cas, notamment à Toumodi, à Yopougon et à Abobo. 

Du côté de la Depps, du 8 au 12 mai 2023, une opération de contrôle intensif et de déménagement de réseaux a ciblé 815 établissements sanitaires privés dans plusieurs communes d’Abidjan. La visite des établissements privés de la commune du Plateau a eu lieu cette année, du 23 au 26 avril. Dans le quartier des affaires, sur 93 établissements sanitaires visités, 22 ont été fermés. La dernière opération en date, menée par la Depps s’est déroulée dans la région du Bafing, du 13 au 17 mai dernier.  

Les vérifications ne se font cependant pas sans grincements de dents.  Un médecin, à Port-Bouët, dénonce le fait que la Police sanitaire, la Depps et le District contrôlent les mêmes structures, tour à tour, les exposant aux humeurs de certains agents véreux. Dans la commune de Koumassi, Zongo Gaston, manager de la clinique privée El Jireh, fraîchement ouverte, propose la formation continue des agents exerçant dans les cliniques par l’Etat. 

L’intensification des contrôles des établissements privés, dans le cadre de la campagne sanitaire « zéro clinique illégale d’ici à 2025 », vise à assainir le milieu de la santé en Côte d’Ivoire, en démantelant les « cliniques boutiques ».

En 2021, la Direction des établissements privés et des professions sanitaires (Depps), a répertorié 3273 établissements sanitaires privés en Côte d’Ivoire. L’année suivante, le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a identifié 1464 structures sanitaires privées à l’intérieur du pays dont 1022 ne disposant d’aucun document.


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