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Décédé le 27 décembre 2022 : Amérikin, un chanteur engagé

Raoul Djomanssé alias « Amérikin » a été révélé aux mélomanes, en 1996, à la sortie de son titre à succès « Porte ta capote ». Présentateur de spectacles, humoriste et comédien, l’artiste aux multiples casquettes aura marqué le milieu du showbiz pour son engagement en faveur des personnes de petite taille. Une réputation qui lui collera à la peau jusqu’à ce qu’il quitte définitivement la scène musicale, le 27 décembre 2022.

Amérikinrêvait grand. Malgré sa petite taille, le chanteur avait cette facilité de gagner la sympathie de son interlocuteur par l’assurance et le charisme qu’il dégageait. Il fait partie de cette catégorie d’hommes qui domine facilement les préjugés de la société. C’est une certitude : Amérikin manquera aux mélomanes pour son humour décapant. L’ancien élève du Lycée moderne de Dimbokro avait su imprimer sa marque personnelle à la chronique qu’il animait dans l’émission de téléréalité « Star Tonnerre », diffusée sur une chaîne ivoirienne. Ainsi, lors de ses visites au domicile des stars, il arrivait à leur tirer les vers du nez avec ses questions corsées d’une pointe d’ironie. « Djo », « Djoman », « Djom’si », « 10/18 »…sont autant de surnoms dont l’affublaient ses camarades de classe. Ces derniers retiennent de lui le souvenir d’un élève brillant en mathématiques et en physique-chimie, matières dans lesquelles ses plus faibles notes n’étaient jamais en dessous de 10.

Titulaire d’une maîtrise de physique nucléaire, diplôme qui sanctionne son parcours universitaire, Raoul Djomanssé s’assumait intellectuellement et refusait catégoriquement de s’enfermer dans un complexe d’infériorité, comme bon nombre de personnes souffrant d’un handicap physique. « C’est gênant de voir des personnes de petite taille dansant dans les maquis et les bars, à travers les quartiers d’Abidjan. C’est dégradant. Ils doivent arrêter cela », s’était-il indigné un jour. Président de l’Association des Personnes de Petite Taille (APPCI), il ne manquait pas d’ambition pour ses camarades. Djo les engageait à s’instruire. Mieux, il les exhortait à apprendre un métier pour faciliter leur insertion socioprofessionnelle.

En dépit de son parcours musical peu reluisant, l’auteur du titre « First lady », un duo avec Campbell, en 1999, qui ne connaîtra pas de succès en raison du putsch, ne baissait pas les bras. Il remettra le couvert, en 2005, mais les mélomanes bouderont sa galette musicale. L’enseignant qui était fonctionnaire au Centre National des Matériels Scientifiques (CNMS) continuera de multiplier des rendez-vous sur scène.  Djom’si avait signé son grand retour ces derniers temps avec son concept « Le fondamental ». Sa présence à Yamoussoukro s’inscrivait dans cette droite ligne. Malheureusement, il y sera foudroyé par un Accident Vasculaire Cérébral (AVC) qui le plongera dans un coma. Evacué au CHU de Cocody, il y rendra l’âme le 27 décembre 2022. Né de père Ébrié et de mère Baoulé, Amérikin appartenait à la génération Atchan Tchagba Dogba de Blockhaus. Ila été célébré la dernière fois, à la veillée qui y a eu lieu, jeudi 12 janvier. Il repose désormais au cimetière dudit village.

Firmin YOHA

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