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vendredi 20 septembre 2024
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Portrait I Charles Nokan : Le dernier Mohican des lettres ivoiriennes

Avec le décès de Charles Nokan, la littérature ivoirienne perd un grand nom, un auteur prolixe qui a touché à tous les genres littéraires.

Le 1er novembre 2022 – la fête des Saints chez les chrétiens catholiques – a été un jour sombre pour le monde des lettres ivoiriennes. Ce jour-là, Charles Zégoua Gbessi Konan, plus connu sous le pseudonyme de Charles Nokan, tirait sa révérence, après 86 ans d’une vie bien remplie. « Il est immortel à double titre. D’abord en tant qu’écrivain. Et ensuite en tant que membre de l’Académie des sciences des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (ASCAD). Il est juste passé dans une autre dimension », a témoigné Charles Pemont, le président de l’Association des Editeurs de Côte d’Ivoire et directeur des éditions L’Encre Bleue.

C’est le 28 décembre 1936 que naît Charles Nokan, à Abakro, dans la sous-préfecture de Yamoussoukro. Après ses études primaires à Yamoussoukro, Toumodi et Abidjan, il part – grâce à l’aide financière de ses parents paysans – par bateau pour la France, où il fréquente les collèges de Provins, d’Amboise, de Montargis et le Lycée de Blois. Il enchaîne avec des études supérieures aux Universités de Tours, Poitiers et Paris, et décroche en plus d’une licence en Sociologie, un doctorat en Philosophie. Se considérant comme un éternel « étudiant », alors qu’il enseignait déjà à l’université, il décrochera un doctorat en Lettres et Sciences humaines, à l’université d’Abidjan.

En avril 1956, Charles Nokan publie son premier récit intitulé « Assiè », dans le numéro 25 de la Revue l’Orientation littéraire à Paris. Il a enseigné depuis 1972, la Littérature et la Sociologie, à plusieurs générations d’étudiants, aux Universités de Vincennes (France) et de Cocody (Abidjan, Côte d’Ivoire). Il est membre de l’ASCAD  depuis 2003, année de création de l’institution.

Pour des acteurs de la littérature ivoirienne, ses textes s’inscrivaient plus dans un appel à la liberté et du refus de l’asservissement. Connu pour être de la gauche, Charles Nokan a été incarcéré pour son anti-houphouétisme, bien que le premier Président ivoirien et lui soient cousins. Souvenir douloureux pour l’homme qui est resté fidèle à son idéologie.

Avec« Violent était le vent », « Abraha Pokou, ou une grande Africaine »« La Voix grave d’Ophimoï », « Mon chemin débouche sur la grand-route », « Yassoi refusa l’orange mûre de Nianga », «  Tout grand changement est un ouragan », …Charles Nokan est considéré comme l’auteur le plus prolixe de Côte d’Ivoire, après Bernard Dadié. Toute cette biographie aussi riche en romans, qu’en pièces de théâtre, en essais et poèmes donne un cachet à sa nature d’immortel. D’ailleurs, Encre Bleue, la maison d’édition dont il est auteur de trois livres, est sur le point de publier trois autres livres de l’écrivain, à savoir  «Pour une littérature de libération» (un essai littéraire), «La chanson de la rivière» (un recueil de poèmes) et «L’escalade du mont de la vie par la pente raide» (une pièce de théâtre).

Sandra KOHET

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