La production florale en Côte d’Ivoire est es- timée à 2 400 tonnes par an, selon le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole (FIRCA). La commercialisa- tion à l’étranger des fleurs et plantes ornemen- tales avait rapporté plus de 2 milliards à l’Etat il y a quelques années. Des centaines de produc- teurs gagnent leur vie au moyen de cette acti- vité qui offre, par ailleurs, des emplois à beau- coup de personnes. Cependant, nonobstant tout son potentiel économique, la floriculture reste encore un secteur peu connu et sous-es- timé.
Un floriculteur peut réaliser entre 500 000 et 1 000 000 F CFA de bénéfices mensuels tirés de la commercialisation des fleurs et plantes d’ornement. Selon Yéo Drissa, président de la Fédération des producteurs de fleurs et plantes ornementales de Côte d’Ivoire (FLORACI) qui a témoigné à Le Tamtam Parleur, un produc- teur pourrait gagner plus d’un million de francs par mois, si la consommation des fleurs est plus forte. Le leader des producteurs affirme que les Ivoiriens ne consomment pas assez les fleurs par méconnaissance des vertus de celles-ci. Il rassure cependant que la gent féminine passe pour être la meilleure consommatrice. « À partir de 2011, nous avons perdu tous nos partenaires. N’eût été cette si- tuation, un fleuriste n’avait rien à envier à un produc- teur de cacao », révèle Yéo Drissa. Les plus grands producteurs de fleurs et plantes ornementales sont localisés dans la banlieue d’Abidjan, précisément dans la commune d’Anyama et le village d’Azaguié. Les espèces de fleurs qu’on trouve, la plupart du temps, chez les fleuristes sont, entre autres, helico- nia, alpinia, zantedeschia aethiopica, ananas brac- teatus, etc. Et, pour les feuillages, on peut citer les variétés telles que pandanus, lagerstroemia darata- lis, areca, cordyline, dracaena, washingtonia, etc.
Les fleurs, un potentiel économique et une niche d’emplois
Plusieurs sites de production et de vente des fleurs et des arbres d’ornement existent dans de nombreux quartiers d’Abidjan. Zongo Hamidou est un fleuriste dont l’activité se mène au niveau du rond-point de la CNPS à Angré. Ayant totalisé dix années dans ce métier, il explique que c’est sa principale source de revenu; laquelle lui permet de payer son loyer, nourrir sa famille et envoyer de l’argent à ses parents restés dans son pays. Combien gagne Zongo par mois et par an? Notre interlocuteur restera très réservé sur ses propres chiffres, mais relate les exemples de ses collègues fleuristes ayant fait fortune dans l’ac- tivité. «Je connais des fleuristes qui ont construit des maisons et acheté des voitures, en vendant les fleurs>>.
Chez Zongo, les prix des fleurs et des plantes va- rient entre 7000 et 25 000 FCFA. L’activité des fleurs permet aussi à des jeunes d’avoir un emploi. Koné est un jeune malien employé par un jardinier à la Riviera Palmeraie, près de la « place Alassane Ouat- tara ». Selon l’ouvrier, il perçoit la somme de 50 000 F CFA comme salaire mensuel. Il nous montre des pieds de sapin qui sont vendus entre 60 000 et 70 000 FCFA. Plus loin, Sayouba, un jeune ressortis- sant burkinabè est employé par son frère. Il devrait être payé après une année à environ 300 000 FCFA.
Les défis de la floriculture
Depuis 2011, au lendemain de la crise post-élec- torale, le secteur de la floriculture rencontre des difficultés et les producteurs se disent délaissés par l’Etat. Le président de la FLORACI affirme que l’Etat ne leur apporte pas le soutien nécessaire pour se développer. Le dirigeant de la faitière des pro- ducteurs indique qu’ils ne bénéficient pas d’une subvention de la part de l’Etat de Côte d’Ivoire. « Si nous avons une subvention comme c’est le cas au Kenya, nous pouvons diversifier les variétés et pou- voir intéresser de nombreux partenaires », indique Yéo Drissa. Puis, il ajoute que présentement, ils n’ont que deux pays partenaires, la Hollande et la Belgique. Or, la Côte d’Ivoire avait occupé en 2005 le deuxième rang mondial des pays producteurs et exportateurs de fleurs.
Du 28 novembre au 3 décembre 2023, la Côte d’Ivoire a abrité la première édition de la Foire des plantes florales et médicinales qui s’est tenue à Abibjan. L’événement visait à montrer les variétés de fleurs et la chaîne des valeurs associée au secteur.
